La première semaine de Donald Trump a été tonitruante. Le nombre d’«executive orders» a été considérable dans tous les domaines. Les observateurs ont tous été comme des chats avec Donald Trump manipulant le petit laser rouge à sa guise pour les mener où il le souhaitait.
La rupture la plus marquée porte sur la dynamique du pouvoir américain. Une des premières grandes annonces a porté sur le projet Stargate d’un montant de 500 milliards de dollars. Son objectif est de faire des USA le cœur de l’IA en en définissant le standard technologique, celui qui conditionnera son exploitation dans les autres pays. C’est un moyen de disposer d’une rente considérable qui alimentera les USA tout en renforçant leur puissance.
Pour faciliter la mise en œuvre d’un tel plan, Donald Trump a supprimé un décret de Joe Biden sur certaines contraintes liées au développement de l’IA puis le 23 janvier il publiait un décret dont le but est d’examiner les mesures antérieures prises par Joe Biden et susceptibles d’être des obstacles à l’innovation américaine en matière d’intelligence artificielle.
Cette question de l’IA est désormais majeure dans la gouvernance des États. Dans le cas américain, il peut y avoir confusion. Les patrons de la tech sont très présents et disposent d’un pouvoir important puisque le pouvoir politique retire les contraintes susceptibles de brider leurs innovations. L’IA a des impacts désormais dans tous les domaines et pas seulement économiques. Les drones, très présents sur tous les théâtres militaires, sont une illustration de ce débordement. Ce domaine militaire est traditionnellement réservé au pouvoir politique mais on perçoit ici le risque de confusion.
L’autre aspect à souligner est la volonté de donner des moyens à ce secteur d’activité. Il doit être puissant pour asseoir la domination américaine. Dès lors, les décisions ne se feront pas sans l’assentiment des patrons de la Tech. Cela veut aussi dire que les discussions sur des démantèlements des GAFAM ne sont plus d’actualité. L’IA est plus que jamais une source de pouvoir considérable. Mais le pouvoir se partage-t-il ?
Le cercle qui entourait Vladimir Poutine s’est enrichi et est devenu puissant en exploitant les matières premières. Pour Donald Trump, la ressource est la Tech et l’IA qui y est associée.
Le contraste avec la Chine, autre pays très puissant sur l’IA, est étonnant. Lorsque Jack Ma, à la tête d’Alibaba, est devenu trop puissant, il a été écarté par le président Xi. Le pouvoir politique chinois veut conserver la mainmise sur le secteur de la Tech et ne souhaite pas accepter un État dans l’Etat.
Ces choix ne sont pas neutres à la fois pour savoir qui décide, qui oriente la politique du gouvernement mais aussi qui alloue les ressources pour développer tel ou tel secteur de la Tech.
Le risque est une trajectoire commune entre Trump et la Tech jusqu’au moment où le pouvoir ne se partagera plus.