Le vote de l’Assemblée Nationale sur l’amendement relatif au moratoire sur l’éolien et le solaire arrive au moment où le gouvernement devait préciser sa feuille de route sur le climat pour la période 2025-2035.
Ce moratoire condamne tout nouveau projet sur les énergies renouvelables.
Concrètement plusieurs conséquences:
L’électrification des usages qui indique que la part plus importante dans la durée pour l’électricité dans le quotidien des Français est remise en cause. La tendance mondiale d’une utilisation plus intensive de l’électricité pour remplacer les énergies fossiles ne passerait plus par la France.
Cette tendance globale passe par une contribution plus importante de l’éolien et du solaire dans la production de l’électricité aux dépens des énergies fossiles. Cela veut dire aussi l’utilisation de l’électricité dès que possible pour remplacer les énergies fossiles. Le cas typique est le véhicule électrique à la place du véhicule thermique. Cette dynamique serait remise en cause.
Ce moratoire, s’il était confirmé lors du vote sur l’ensemble du texte et après passage au Sénat, poserait problème quant à la capacité de la France à tenir ses engagements sur la réduction des émissions de gaz à effets de serre.
Cette réduction, si elle se poursuit, reste toujours loin de l’objectif fixé pour 2030.
En 2023, la baisse des émissions était de -5.8%, elle n’est plus que de -1.8% en 2024. Il faudrait pour atteindre l’objectif de -55% en 2030 par rapport à 1990 que la baisse pour les années à venir soit de 5% par an.
2023 avait été une année de baisse profonde des émissions mais cela traduisait essentiellement la reprise de production des centrales nucléaires. Rappelons la situation très difficile de 2022 lorsque de nombreuses centrales étalent à l’arrêt. Lors de la reprise de la production, les émissions ont baissé mécaniquement. En 2024, l’effet est nettement moins important., l’écart dé production étant beaucoup plus réduit.
Un autre point souligné par l’Insee est le caractère cyclique des émissions. En 2024, le cycle n’a pas été très robuste. De la sorte, la production industrielle, dont l’allure n’a pas été fameuse, a contribué plutôt à la baisse des émissions mais l’on voit bien qu’une éventuelle reprise de l’activité se traduirait par une reprise rapide des émissions.
Dès lors le moratoire en favorisant l’utilisation des énergies fossiles au détriment du renouvelable sape encore davantage la possibilité de tenir les engagements de 2030 et celui de la neutralité carbone de 2050. Pour arriver à cette neutralité, il est absolument indispensable d’être sobre, de réduire drastiquement la consommation d’énergies fossiles et de leur substituer des énergies renouvelables. Sinon le scénario à +4 degrés sera inévitable.
On ne peut pas tolérer un tel scénario pour des raisons qui tiennent davantage à l’exercice électoraliste qu’à une analyse précise sur les besoins de l’économie et de la société française.