« Ces événements – Ukraine, droits de douane,… – ont mis fin à toute illusion selon laquelle la dimension économique seule serait à même de garantir une quelconque forme de pouvoir géopolitique ».
Ce terrible constat de Mario Draghi traduit deux aspects
↪️ La puissance économique de l’Europe n’est plus suffisante pour garantir sa capacité à exister.
↪️ Scepticisme des européens à pouvoir peser sur les affaires du monde.
Le monde a changé et l’Europe doit se transformer et adapter son cadre institutionnel à ce nouvel ordre.
Deux dimensions majeures
↪️ Les rôles des marchés et de l’Etat se sont inversés. L’Etat ne s’efface plus face au marché puisque la politique industrielle est devenue la norme.
↪️ Le respect des règles n’est plus ce qu’il était, l’Europe est prise à revers. L’intervention militaire et la coercition économique sont des armes nouvelles pour défendre les intérêts d’un pays.
L’Europe doit se réinventer. Cette bascule collective et institutionnelle doit lui permettre de retrouver la capacité à peser sur les affaires du monde.
Trois dimensions économiques à cela :
1️⃣ Le marché intérieur doit devenir plus efficace. Les barrières non tarifaires limitent la capacité à profiter pleinement de sa très grande taille. C’est un moyen aussi de créer des champions européens.
Le défi des dépenses militaires qui se profile (2000 milliards d’euros a l’horizon 2031) ne sera efficace que si les appels d’offre ne défavorisent pas les entreprises européennes. Mario Draghi explique ainsi que ces barrières douanières sur les équipements industriels sont équivalentes à des droits de douane de 64%. Pas étonnant dans ces conditions que les entreprises étrangères en profitent plus que les entreprises européennes.
2️⃣ Le deuxième dimension est technologique. Draghi porte le même diagnostic qu’il y a un an dans son fameux rapport, mais met l’accent sur la dimension collective. Les semi-conducteurs sont au cœur de la révolution technologique et doivent faire l’objet de dépenses massives européennes. L’échelle doit être celle de l’Europe pour avoir des atouts comparables à ceux de la Chine et des Etats-Unis. Un État seul n’a pas les moyens suffisants.
3️⃣ Le financement doit être collectif. La défense, l’énergie, les technologies de rupture, le climat sont des biens communs européens. Ils doivent pouvoir être financés collectivement avec une dette commune. Il faut repenser le financement collectif qui porte trop, aujourd’hui, sur des dépenses fongibles et non sur de l’investissement. La défense et la technologie dégageront des marges de manœuvre et de la productivité capable à la fois de payer le coût de la dette sans s’appauvrir et d’améliorer la dynamique collective des revenus.
Draghi appelle à une transformation collective de l’Europe. De Macron à Georgia Meloni en passant par Pierre Dupont et Karl Schmidt, tous les Européens devront le vouloir ensemble.