Face à un environnement plus concurrentiel, les Etats-Unis ont souhaité sécuriser leurs partenaires. Le mode a pu paraître brutal notamment dans les négociations commerciales depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.
Cette stratégie n’a pas été celle des Chinois. De longue date, les dirigeants de Pékin ont fait le choix d’inscrire leurs partenaires dans la dépendance. La cartedu monde montre bien que progressivement, la Chine est devenue le premierpartenaire commercial d’une majorité de pays alors que c’était le statut des Etats-Unis ou de l’Union Européenne par le passé. L’objectif est de disposer de débouchés susceptibles d’écouler la production intérieure. Le choix de la Beltand Road Initiative, connue sous le terme de Routes de la Soie, ressort de la même idée qui est de sécuriser des voies qui permettront les échanges aux bénéfices de l’Empire du Milieu.
Cette idée de dépendance s’est inscrite dans la durée et un grand nombre de pays leur sont redevables car devenus dépendants.
L’Europe suit d’autres règles. Dans son discours de Rimini, Mario Draghi évoquait le fait que l’Europe s’était construite sur 450 millions de consommateurs mais que cela n’était pas suffisant pour en faire une puissance géopolitique. On voit actuellement les limites de l’exercice. L’Europe est soumise à deux types de contraintes.
La première est celle de son autonomie de croissance. Il lui faut investir pour alimenter sa propre capacité à générer des revenus élevés et rester dans la course à l’innovation. Dans cette perspective, la BCE apparaît un peu décaléepuisqu’elle situe la banque centrale dans le cadre d’avant, celui porté parl’ouverture au monde.
La deuxième est l’absence de dépendance du reste du monde aux choix européens. Ce que j’évoque est ici excessif mais l’Europe n’a pas construit un cadre, au-delà de l’Europe élargie, dans lequel d’autres pays seraient dépendants.Les Américains l’ont fait à leur manière, les Chinois également, les Européens n’ont pas franchi ce pas. Ils sont dans une position inconfortable puisqu’ils paient un écot de 600 milliards à Washington et sont le réceptacle des excédents d’exportations de la Chine.
Le cadre qui se dessine est celui d’une hiérarchie définie par les Etats-Unis et par la Chine. Chacun des deux définira les règles qu’il souhaite faire appliquer au sein de sa propre distribution de pays. L’Europe n’y est pas et elle doit choisir soit l’un des deux, soit de ne pas choisir pour réduire cette éventuelle dépendance.
Le mode de grande ouverture qui prévalait pendant la montée en puissance de laglobalisation change de cap. Chacun des Etats-Unis et de la Chine définit sesalliés soit économique, soit politique au travers d’institutions existantes mais quisont critiquées, pour les USA, soit à travers des institutions à définir, c’est le cas de la Chine. L’Europe ne rentre pas dans ce jeu. Son influence sur le monde enest affectée.
A suivre…