Oui, l’économie française est en crise. Non pas parce que son activité s’effondre, ni parce que son taux d’inflation est trop élevé. L’économie française est en crise car elle ne dispose pas des moyens qui lui permettrait de converger à moyen terme vers une croissance sans déséquilibres.
Au début des années 1980, son déséquilibre majeur était un taux d’inflation trop élevé alors que la France venait de fonder le Système Monétaire Européen (SME). Le confort de l’indexation des salaires rendait l’inflation peu douloureuse pour les Français. En revanche, sa perte de compétitivité se traduisait par des dévaluations répétitives du franc. Le choix du président d’alors avait été de prendre les engagements nécessaires pour que les dévaluations cessent et que la France redevienne un partenaire fiable en Europe.
Aujourd’hui, les déséquilibres sont patents. Deux mesures éclairent le débat
1- Le profil du PIB potentiel est trop limité pour pouvoir, à terme, éliminer le déficit public. Dans les projections de Bercy à moyen terme, le déficit reste de 3% ce qui n’a rien de naturel.
2- La dette publique progresse de façon quasi continue depuis son point bas de 1975. Cela traduit l’inadéquation entre les besoins du modèle social et la capacité de l’économie à produire un niveau de revenu suffisant.
En 1982, le choix avait été de prendre des engagements vis-à-vis de nos partenaires européens. D’une manière plus générale, Tom Sargent avait clairement indiqué que les déséquilibres importants du passé avaient été résolus par des engagements forts des gouvernements vis-à-vis de leurs partenaires étrangers. Cela traduit qu’un pays laissé en crise et laissé à lui-même est incapable de prendre les mesures nécessaires pour réduire les déséquilibres.
La situation de la France n’est pas complètement différente de celle décrite, inquiétant alors ses partenaires européens.
Les solutions proposées sont insuffisantes pour imaginer les inscrire dans la durée. Augmenter les prélèvements n’est pas une bonne idée même s’il existe des questions d’équité fiscale. Recourir à la dette en relançant l’économie et en imaginant que cela sera suffisant pour inverser la tendance pourrait prêter à sourire au regard des expériences passées qui ont échoué.
Cette configuration sans réelle solution ne pourra pas s’inscrire dans la durée. Déjà les tensions provoquent de l’instabilité politique et une incapacité à gouverner.
En 1982, les dévaluations successives ont été les coups de semonce nécessaires pour changer la trajectoire. Quelles formes auront-ils en 2025 ?
L’économie change à toutes les échelles du monde et la France doit adapter son modèle pour rester dans la course et ne pas s’enfermer dans un cadre médiocre. Elle doit prendre des engagements forts auprès de ses partenaires européens.
La question supplémentaire est celle du messager. Qui portera le choix d’inscrire la France réformée dans ce cadre européen et international ?