Cet interview a d’abord été publié sur le site Atlantico.fr
Il est disponible ici http://bit.ly/1hTjrEl
Atlantico : Standard & Poors estime que l’économie grecque se rééquilibre. Les rendements obligataires chutent. Va-t-on vers un rétablissement de la Grèce et de son économie ? Le pays est-il capable de se relever aujourd’hui ?
Philippe Waechter : Les grecs ont fait des efforts considérables pour se maintenir dans la zone Euro et dans l’Union Européenne. Pour avoir une mesure simple, le PIB a baissé de quasiment 25% depuis son plus haut en 2009. Cela se traduit en moyenne par une baisse du même ordre du revenu de chaque grec. C’est considérable. Aucun autre pays européen n’a connu une telle situation, une telle rupture. C’est un chiffre comparable à la baisse de PIB connu par les Etats-Unis entre 1929 et le point bas de 1933. Cela donne une mesure du choc subi.
Aujourd’hui, la situation semble se stabiliser. Cela peut s’observer à travers différents indicateurs. Le premier est que l’économie donne des signaux plus positifs. Les enquêtes menées auprès des chefs d’entreprises suggèrent enfin que l’activité retrouve une allure plus positive. La chute dans le secteur manufacturier a été enrayée. Le deuxième point est le rééquilibrage du solde budgétaire hors paiement des intérêts sur la dette publique. Sur ce point, les ajustements fiscaux et sociaux ont été très importants. Mais le plus difficile est certainement passé. Le troisième point est le retour de taux d’intérêt plus faibles. Certes, ils sont encore un peu au-dessus de 6% pour les taux à 10 ans, mais quelle amélioration au cours des derniers mois. Il y a un an, ils étaient voisins de 12%. La défiance vis-à-vis de la Grèce s’estompe de la part des investisseurs. Cela a pu se voir aussi récemment avec les émissions faites par des banques grecques.
En d’autres termes, l’économie grecque retrouve une dynamique plus soutenable à moyen terme.
On peut avoir une idée du processus suivi par l’économie grecque et son rééquilibrage récent en regardant l’évolution du PIB par tête en pourcentage de celui de la zone Euro. Dans les années 90, le rapport était d’environ 75%. La richesse produite par habitant était en Grèce au ¾ de celle produite en moyenne dans la zone Euro. Ce chiffre a commencé à progresser au début des années 2000, atteignant presque 90 % en 2009. Cela était probablement excessif au regard des capacités de production de la Grèce. L’ajustement brutal et violent à l’œuvre depuis 2009/2011 a fait revenir ce ratio au voisinage de 70%. L’effet d’accordéon a été très difficile à vivre pour les grecs mais le niveau atteint en 2013/2014 suggère que l’ajustement est grandement achevé puisque proche de celui des années 90. Par ailleurs, les déséquilibres extérieurs se sont nettement réduits. La dépendance très forte de l’économie grecque aux financements extérieurs s’est nettement réduite. Cela donne à la Grèce une autonomie qu’elle n’avait plus. Et cela est probablement la meilleure nouvelle pour l’ensemble des grecs.
Atlantico: En dépit des indicateurs au vert évoqués par les agences de notations, à quel point la reprise est-elle solide ? Comment préserver la Grèce d’une rechute, alors qu’elle est encore groggy ? Quels sont les moyens dont dispose l’Europe pour l’en protéger ?
Philippe Waechter: L’économie s’est progressivement rééquilibrée. Ce n’est pas pour autant que les grecs sont ravis. Le retour en arrière a été très profond et douloureux. Cela prendra du temps à ajuster chaque comportement à ce nouvel équilibre. Il faut créer des incitations pour que chaque grecque ait envie d’aller de l’avant. Dans une économie en désordre, il y a des opportunités qui se présentent. Chacun peut chercher sa propre voie pour améliorer sa situation. Cela peut être salvateur pour la Grèce.
Cependant, des risques existent encore. Ils ne sont pas forcément sur l’activité mais sur le financement de cette économie. Les ajustements sur les dépenses publiques et les recettes ont été spectaculaires. Le solde budgétaire primaire (solde hors paiement des intérêts sur la dette) est redevenu positif. C’est un élément clé pour la soutenabilité de la dette publique à moyen terme. Les grecs sont en avance sur le programme qui avait été défini par la troïka (Commission Européenne, BCE et FMI). Mais il y a encore un besoin de financement en 2015 qui devra être discuté rapidement. La troïka doit fournir les montants nécessaires pour que la situation retrouve une allure plus stable et s’inscrive dans la durée.
Par ailleurs, les arrangements avec les institutions européennes permettent de repousser le paiement des intérêts loin dans le futur (10 ans). Cela permettra à l’économie hellénique de retrouver son équilibre avant d’être soumis à cette contrainte financière.
En d’autres termes, si la dynamique un peu plus robuste des pays industrialisés se prolonge, ce qui est mon scénario, la Grèce devrait pouvoir en profiter. Cela ne la fera pas revenir à un PIB par tête proche de celui de la moyenne de la zone Euro. Cela permettra avant tout à l’économie d’améliorer son niveau de production et d’emploi et de retrouver davantage d’autonomie. Dès lors, en raison de la réduction d’incertitude, chaque grec pourra allonger son horizon économique. C’est aussi cela le changement qui se profile. Chacun va pouvoir se projeter davantage dans le futur et reprendre des risques. Cela veut dire que l’économie grecque sera, à mon sens, très différente dans 5 ans que ce qu’elle est aujourd’hui et de ce qu’elle était avant la crise.
Atlantico: Quelles seraient les conséquences – et le bilan – de cette fin de crise grecque pour l’Europe ?
Philippe Waechter: La crise grecque a un rôle clé dans la pérennité qu’à désormais la zone Euro. Les institutions qui avaient été mises en place depuis le début de la zone Euro n’étaient pas faites pour répondre à un choc asymétrique, c’est-à-dire un choc qui touche spécifiquement un pays. C’est une fragilité qu’a révélée la crise grecque.
En d’autres termes, la zone Euro n’avait pas les instruments pour résoudre par elle-même les défis auxquels elle devait faire face. La crise grecque l’a obligé à changer et à mettre en place toute une série d’institutions (Mécanisme Européen de Stabilisation, Traité sur la gouvernance, Union Bancaire, EFSF,…) dont l’objet est de permettre à la zone Euro de répondre aux défis posés. C’est une avancée considérable qui renforce la robustesse de la zone. Autrement dit, les européens se sont donnés les outils pour faire face à des chocs pénalisant la zone Euro mais aussi pour éviter que des situations aussi périlleuses que celle liée à la crise des dettes souveraines ne se reproduisent. La zone Euro est beaucoup plus robuste aujourd’hui. Toutes les questions ne sont pas cependant résolues pour autant mais le risque d’éclatement ou de sortie d’un pays s’est réduit dramatiquement et c’est très bien ainsi.
Atlantico: La Grèce en sortira-t-elle de cette crise plus forte qu’avant ?
Philippe Waechter: Oui, indéniablement car elle aura gagné en autonomie et de ce fait sera davantage capable de jouer un rôle dans la construction européenne.
Crédit Reuters
Atlantico : Standard & Poors estime que l’économie grecque se rééquilibre. Les rendements obligataires chutent. Va-t-on vers un rétablissement de la Grèce et de son économie ? Le pays est-il capable de se relever aujourd’hui ?
Philippe Waechter : Les grecs ont fait des efforts considérables pour se maintenir dans la zone Euro et dans l’Union Européenne. Pour avoir une mesure simple, le PIB a baissé de quasiment 25% depuis son plus haut en 2009. Cela se traduit en moyenne par une baisse du même ordre du revenu de chaque grec. C’est considérable. Aucun autre pays européen n’a connu une telle situation, une telle rupture. C’est un chiffre comparable à la baisse de PIB connu par les Etats-Unis entre 1929 et le point bas de 1933. Cela donne une mesure du choc subi.
Aujourd’hui, la situation semble se stabiliser. Cela peut s’observer à travers différents indicateurs. Le premier est que l’économie donne des signaux plus positifs. Les enquêtes menées auprès des chefs d’entreprises suggèrent enfin que l’activité retrouve une allure plus positive. La chute dans le secteur manufacturier a été enrayée. Le deuxième point est le rééquilibrage du solde budgétaire hors paiement des intérêts sur la dette publique. Sur ce point, les ajustements fiscaux et sociaux ont été très importants. Mais le plus difficile est certainement passé. Le troisième point est le retour de taux d’intérêt plus faibles. Certes, ils sont encore un peu au-dessus de 6% pour les taux à 10 ans, mais quelle amélioration au cours des derniers mois. Il y a un an, ils étaient voisins de 12%. La défiance vis-à-vis de la Grèce s’estompe de la part des investisseurs. Cela a pu se voir aussi récemment avec les émissions faites par des banques grecques.
En d’autres termes, l’économie grecque retrouve une dynamique plus soutenable à moyen terme.
On peut avoir une idée du processus suivi par l’économie grecque et son rééquilibrage récent en regardant l’évolution du PIB par tête en pourcentage de celui de la zone Euro. Dans les années 90, le rapport était d’environ 75%. La richesse produite par habitant était en Grèce au ¾ de celle produite en moyenne dans la zone Euro. Ce chiffre a commencé à progresser au début des années 2000, atteignant presque 90 % en 2009. Cela était probablement excessif au regard des capacités de production de la Grèce. L’ajustement brutal et violent à l’œuvre depuis 2009/2011 a fait revenir ce ratio au voisinage de 70%. L’effet d’accordéon a été très difficile à vivre pour les grecs mais le niveau atteint en 2013/2014 suggère que l’ajustement est grandement achevé puisque proche de celui des années 90. Par ailleurs, les déséquilibres extérieurs se sont nettement réduits. La dépendance très forte de l’économie grecque aux financements extérieurs s’est nettement réduite. Cela donne à la Grèce une autonomie qu’elle n’avait plus. Et cela est probablement la meilleure nouvelle pour l’ensemble des grecs.
En dépit des indicateurs au vert évoqués par les agences de notations, à quel point la reprise est-elle solide ? Comment préserver la Grèce d’une rechute, alors qu’elle est encore groggy ? Quels sont les moyens dont dispose l’Europe pour l’en protéger ?
L’économie s’est progressivement rééquilibrée. Ce n’est pas pour autant que les grecs sont ravis. Le retour en arrière a été très profond et douloureux. Cela prendra du temps à ajuster chaque comportement à ce nouvel équilibre. Il faut créer des incitations pour que chaque grecque ait envie d’aller de l’avant. Dans une économie en désordre, il y a des opportunités qui se présentent. Chacun peut chercher sa propre voie pour améliorer sa situation. Cela peut être salvateur pour la Grèce.
Cependant, des risques existent encore. Ils ne sont pas forcément sur l’activité mais sur le financement de cette économie. Les ajustements sur les dépenses publiques et les recettes ont été spectaculaires. Le solde budgétaire primaire (solde hors paiement des intérêts sur la dette) est redevenu positif. C’est un élément clé pour la soutenabilité de la dette publique à moyen terme. Les grecs sont en avance sur le programme qui avait été défini par la troïka (Commission Européenne, BCE et FMI). Mais il y a encore un besoin de financement en 2015 qui devra être discuté rapidement. La troïka doit fournir les montants nécessaires pour que la situation retrouve une allure plus stable et s’inscrive dans la durée.
Par ailleurs, les arrangements avec les institutions européennes permettent de repousser le paiement des intérêts loin dans le futur (10 ans). Cela permettra à l’économie hellénique de retrouver son équilibre avant d’être soumis à cette contrainte financière.
En d’autres termes, si la dynamique un peu plus robuste des pays industrialisés se prolonge, ce qui est mon scénario, la Grèce devrait pouvoir en profiter. Cela ne la fera pas revenir à un PIB par tête proche de celui de la moyenne de la zone Euro. Cela permettra avant tout à l’économie d’améliorer son niveau de production et d’emploi et de retrouver davantage d’autonomie. Dès lors, en raison de la réduction d’incertitude, chaque grec pourra allonger son horizon économique. C’est aussi cela le changement qui se profile. Chacun va pouvoir se projeter davantage dans le futur et reprendre des risques. Cela veut dire que l’économie grecque sera, à mon sens, très différente dans 5 ans que ce qu’elle est aujourd’hui et de ce qu’elle était avant la crise.
Quelles seraient les conséquences – et le bilan – de cette fin de crise grecque pour l’Europe ?
La crise grecque a un rôle clé dans la pérennité qu’à désormais la zone Euro. Les institutions qui avaient été mises en place depuis le début de la zone Euro n’étaient pas faites pour répondre à un choc asymétrique, c’est-à-dire un choc qui touche spécifiquement un pays. C’est une fragilité qu’a révélée la crise grecque.
En d’autres termes, la zone Euro n’avait pas les instruments pour résoudre par elle-même les défis auxquels elle devait faire face. La crise grecque l’a obligé à changer et à mettre en place toute une série d’institutions (Mécanisme Européen de Stabilisation, Traité sur la gouvernance, Union Bancaire, EFSF,…) dont l’objet est de permettre à la zone Euro de répondre aux défis posés. C’est une avancée considérable qui renforce la robustesse de la zone. Autrement dit, les européens se sont donnés les outils pour faire face à des chocs pénalisant la zone Euro mais aussi pour éviter que des situations aussi périlleuses que celle liée à la crise des dettes souveraines ne se reproduisent. La zone Euro est beaucoup plus robuste aujourd’hui. Toutes les questions ne sont pas cependant résolues pour autant mais le risque d’éclatement ou de sortie d’un pays s’est réduit dramatiquement et c’est très bien ainsi.
La Grèce en sortira-t-elle de cette crise plus forte qu’avant ?
Oui, indéniablement car elle aura gagné en autonomie et de ce fait sera davantage capable de jouer un rôle dans la construction européenne.
Crédit Reuters
Atlantico : Standard & Poors estime que l’économie grecque se rééquilibre. Les rendements obligataires chutent. Va-t-on vers un rétablissement de la Grèce et de son économie ? Le pays est-il capable de se relever aujourd’hui ?
Philippe Waechter : Les grecs ont fait des efforts considérables pour se maintenir dans la zone Euro et dans l’Union Européenne. Pour avoir une mesure simple, le PIB a baissé de quasiment 25% depuis son plus haut en 2009. Cela se traduit en moyenne par une baisse du même ordre du revenu de chaque grec. C’est considérable. Aucun autre pays européen n’a connu une telle situation, une telle rupture. C’est un chiffre comparable à la baisse de PIB connu par les Etats-Unis entre 1929 et le point bas de 1933. Cela donne une mesure du choc subi.
Aujourd’hui, la situation semble se stabiliser. Cela peut s’observer à travers différents indicateurs. Le premier est que l’économie donne des signaux plus positifs. Les enquêtes menées auprès des chefs d’entreprises suggèrent enfin que l’activité retrouve une allure plus positive. La chute dans le secteur manufacturier a été enrayée. Le deuxième point est le rééquilibrage du solde budgétaire hors paiement des intérêts sur la dette publique. Sur ce point, les ajustements fiscaux et sociaux ont été très importants. Mais le plus difficile est certainement passé. Le troisième point est le retour de taux d’intérêt plus faibles. Certes, ils sont encore un peu au-dessus de 6% pour les taux à 10 ans, mais quelle amélioration au cours des derniers mois. Il y a un an, ils étaient voisins de 12%. La défiance vis-à-vis de la Grèce s’estompe de la part des investisseurs. Cela a pu se voir aussi récemment avec les émissions faites par des banques grecques.
En d’autres termes, l’économie grecque retrouve une dynamique plus soutenable à moyen terme.
On peut avoir une idée du processus suivi par l’économie grecque et son rééquilibrage récent en regardant l’évolution du PIB par tête en pourcentage de celui de la zone Euro. Dans les années 90, le rapport était d’environ 75%. La richesse produite par habitant était en Grèce au ¾ de celle produite en moyenne dans la zone Euro. Ce chiffre a commencé à progresser au début des années 2000, atteignant presque 90 % en 2009. Cela était probablement excessif au regard des capacités de production de la Grèce. L’ajustement brutal et violent à l’œuvre depuis 2009/2011 a fait revenir ce ratio au voisinage de 70%. L’effet d’accordéon a été très difficile à vivre pour les grecs mais le niveau atteint en 2013/2014 suggère que l’ajustement est grandement achevé puisque proche de celui des années 90. Par ailleurs, les déséquilibres extérieurs se sont nettement réduits. La dépendance très forte de l’économie grecque aux financements extérieurs s’est nettement réduite. Cela donne à la Grèce une autonomie qu’elle n’avait plus. Et cela est probablement la meilleure nouvelle pour l’ensemble des grecs.
En dépit des indicateurs au vert évoqués par les agences de notations, à quel point la reprise est-elle solide ? Comment préserver la Grèce d’une rechute, alors qu’elle est encore groggy ? Quels sont les moyens dont dispose l’Europe pour l’en protéger ?
L’économie s’est progressivement rééquilibrée. Ce n’est pas pour autant que les grecs sont ravis. Le retour en arrière a été très profond et douloureux. Cela prendra du temps à ajuster chaque comportement à ce nouvel équilibre. Il faut créer des incitations pour que chaque grecque ait envie d’aller de l’avant. Dans une économie en désordre, il y a des opportunités qui se présentent. Chacun peut chercher sa propre voie pour améliorer sa situation. Cela peut être salvateur pour la Grèce.
Cependant, des risques existent encore. Ils ne sont pas forcément sur l’activité mais sur le financement de cette économie. Les ajustements sur les dépenses publiques et les recettes ont été spectaculaires. Le solde budgétaire primaire (solde hors paiement des intérêts sur la dette) est redevenu positif. C’est un élément clé pour la soutenabilité de la dette publique à moyen terme. Les grecs sont en avance sur le programme qui avait été défini par la troïka (Commission Européenne, BCE et FMI). Mais il y a encore un besoin de financement en 2015 qui devra être discuté rapidement. La troïka doit fournir les montants nécessaires pour que la situation retrouve une allure plus stable et s’inscrive dans la durée.
Par ailleurs, les arrangements avec les institutions européennes permettent de repousser le paiement des intérêts loin dans le futur (10 ans). Cela permettra à l’économie hellénique de retrouver son équilibre avant d’être soumis à cette contrainte financière.
En d’autres termes, si la dynamique un peu plus robuste des pays industrialisés se prolonge, ce qui est mon scénario, la Grèce devrait pouvoir en profiter. Cela ne la fera pas revenir à un PIB par tête proche de celui de la moyenne de la zone Euro. Cela permettra avant tout à l’économie d’améliorer son niveau de production et d’emploi et de retrouver davantage d’autonomie. Dès lors, en raison de la réduction d’incertitude, chaque grec pourra allonger son horizon économique. C’est aussi cela le changement qui se profile. Chacun va pouvoir se projeter davantage dans le futur et reprendre des risques. Cela veut dire que l’économie grecque sera, à mon sens, très différente dans 5 ans que ce qu’elle est aujourd’hui et de ce qu’elle était avant la crise.
Quelles seraient les conséquences – et le bilan – de cette fin de crise grecque pour l’Europe ?
La crise grecque a un rôle clé dans la pérennité qu’à désormais la zone Euro. Les institutions qui avaient été mises en place depuis le début de la zone Euro n’étaient pas faites pour répondre à un choc asymétrique, c’est-à-dire un choc qui touche spécifiquement un pays. C’est une fragilité qu’a révélée la crise grecque.
En d’autres termes, la zone Euro n’avait pas les instruments pour résoudre par elle-même les défis auxquels elle devait faire face. La crise grecque l’a obligé à changer et à mettre en place toute une série d’institutions (Mécanisme Européen de Stabilisation, Traité sur la gouvernance, Union Bancaire, EFSF,…) dont l’objet est de permettre à la zone Euro de répondre aux défis posés. C’est une avancée considérable qui renforce la robustesse de la zone. Autrement dit, les européens se sont donnés les outils pour faire face à des chocs pénalisant la zone Euro mais aussi pour éviter que des situations aussi périlleuses que celle liée à la crise des dettes souveraines ne se reproduisent. La zone Euro est beaucoup plus robuste aujourd’hui. Toutes les questions ne sont pas cependant résolues pour autant mais le risque d’éclatement ou de sortie d’un pays s’est réduit dramatiquement et c’est très bien ainsi.
La Grèce en sortira-t-elle de cette crise plus forte qu’avant ?
Oui, indéniablement car elle aura gagné en autonomie et de ce fait sera davantage capable de jouer un rôle dans la construction européenne.