La consommation au Japon a chuté au mois d’avril et dans des proportions similaires à celles de 1997. Le chiffre des ventes de grands magasins est en recul de 12.5% sur un an.
La raison principale est la hausse de 3 points de la TVA au 1er avril. Les consommateurs s’étaient précipités dans les magasins en mars (+25.2% sur un an) mais sont restés chez eux en avril. Ce profil est quasiment identique à celui de 1997 lors déjà d’une hausse de la TVA. Cela s’était traduit par une hausse rapide de la consommation au premier trimestre et un repli brutal au deuxième entrainant une récession de l’économie japonaise. C’est ce que montre le premier graphe.
Le graphe des ventes des grands magasins montre bien la forte progression de mars et la chute d’avril. Les chiffres de 1997 étaient de 25.5% en mars et de -12.3% en avril. Les deux épisodes de hausse de TVA sont montrés en rouge sur le graphe.
On observe aussi que le repli des ventes en 1997 n’a pas de persistance mais cela suffit à provoquer le recul des dépenses sur l’ensemble du 2ème trimestre. Il n’est donc pas nécessaire d’avoir des chutes très marquées des ventes en mai et juin pour anticiper une baisse de la consommation au 2ème trimestre. Le principal de l’ajustement s’opère en avril.
Pour être complet il faut comparer les données corrigées des ouvertures de magasins afin de limiter les biais. On dispose d’une série sur les 6 plus grandes villes japonaises et une série sur le reste du Japon. J’ai représenté chacune des séries en comparant 2014 et 1997.
Dans les deux cas, le profil des dépenses est le même avec une forte progression en mars et une chute brutale en avril. En 1997, la stabilisation s’opère à partir de la fin de l’été seulement.
Les raisons pour lesquelles nous étions préoccupés par la hausse de la TVA
Nous avions des interrogations sur l’impact de la hausse de la TVA au 1er avril sur le comportement des ménages (voir ici et ici page 7). En effet depuis l’arrivée de Shinzo Abe à la fin de l’année 2012, l’accélération de l’inflation n’avait pas été compensée par une progression des salaires. Les pertes de pouvoir d’achat avaient été importantes. L’impact de la hausse de la TVA au 1er a accentué ce phénomène. Pour la ville de Tokyo, le taux d’inflation est passé de 1.3% en mars à 2.8% en avril.
Le risque désormais est que le Japon des Abenomics tombe en récession. La mise en œuvre des 3 flèches des Abenomics est encore incomplète et la dernière flèche, celle des réformes structurelles est essentielle dans la construction n’est pas encore mise en oeuvre. En effet, la problématique du Japon est celle du vieillissement rapide de sa population et son repli rapide à terme. Comment dans ses conditions être capable de créer une dynamique de croissance durable? Pour l’instant les réponses manquent et la fragilité désormais constatée des dépenses de consommation n’incitera probablement pas à prendre le problème à bras le corps.
Avec la participation d’Aline Goupil Raguenès