La croissance du PIB américain a été fortement révisée à la baisse pour le premier trimestre. La première estimation, fin avril, était de +0.1% en taux annualisé, la seconde, fin mai, à -1%. La troisième aujourd’hui se traduit par un repli de -2.9%.
Le changement est radical. De la sorte, l’acquis pour l’année 2014 à la fin du premier trimestre n’est plus que de 0.4% contre 0.9% lors de la deuxième estimation. Avec un scénario identique pour les trois trimestres restants la prévision de croissance de l’économie américaine passe de 2.1% à 1.6%.
Le premier graphe permet de visualiser le coup d’arrêt de l’activité durant les trois premiers mois de l’année.Le repli sur le graphe est fort et significatif.
Le deuxième graphe illustre les changements dans les contributions à la croissance trimestrielle du PIB.
Le graphe reprend les contributions de la demande interne, de la demande externe et de la variation des stocks lors des trois estimations.
Entre la première et la deuxième estimation ce sont les stocks qui se sont ajustés à la baisse. Cela rentrait bien dans le cadre d’un choc climatique avec impossibilité de produire et d’être correctement approvisionné.
Entre la deuxième et la troisième estimation c’est la demande interne qui s’effondre, les exportations qui ralentissent et les importations qui augmentent provoquant une contribution plus négative encore du commerce extérieur (demande externe).
La demande interne a chuté principalement sur la consommation dont la contribution est passée de +2.05% à la première estimation (taux annualisé) à 2.10% à la deuxième et seulement 0.7% à la troisième. Les trois composantes de la consommation (biens durables, non durables et services) sont nettement revues à la baisse.
Les autres composantes de la demande, investissement et dépenses gouvernementales sont quasiment inchangées par rapport à la seconde estimation.
La consommation qui était le support de la croissance américaine s’effondre. La question est de savoir si ce mouvement est temporaire ou permanent. S’il est temporaire ce n’est pas trop problématique. Si le ralentissement est durable alors le profil à venir de l’économie est à revoir. En d’autres termes, est ce que le consommateur a été fortement pénalisé par les aléas climatiques (c’est ce que montre certains papiers dans le cas de l’automobile voir ici ) ou est ce une dynamique plus profonde qui mine le consommateur parce que ses revenus n’augmentent pas suffisamment et qu’il reste inquiet sur son avenir car son endettement est toujours perçu comme excessif.
Dans le premier cas cela ne devrait pas modifier en profondeur l’attitude de la Fed, si c’est le second cas qui prévaut la Fed n’est pas prête de remonter ses taux de référence même après la fin des achats d’actifs.
Cela illustre bien la volonté de Janet Yellen de ne pas se lier les mains en s’engageant sur une date ou sur le niveau de tel ou tel indicateur.
Une première perception de cette situation sera donnée demain avec les chiffres de consommation de mai.
Quoiqu’il arrive cela est problématique car cela réduit potentiellement l’impact du moteur américain dans la dynamique du cycle mondial. Cela est très ennuyeux pour la zone Euro après les mauvais chiffres d’enquêtes du mois de juin (Markit, IFO, INSEE).
Cela va être un élément supplémentaire pour maintenir les taux d’intérêt bas et cela fera peut être réfléchir Mark Carney et son équipe qui, à la Banque d’Angleterre, s’empresse de vouloir remonter très vite, trop vite, leurs taux d’intérêt.
Globalement ce chiffre de croissance médiocre n’est pas une bonne nouvelle