Pour le deuxième trimestre consécutif l’activité de l’économie française mesurée par le PIB a stagné. Sur un an, ce PIB est en hausse de 0.1% et l’acquis de croissance est de 0.3% (croissance moyenne en 2014 si le niveau du PIB en T3 et T4 restait égal à celui de T2).
Le gouvernement a affiché sa nouvelle prévision de croissance à 0.5%. Pour y arriver il faut un rebond de l’activité de 0.30% tant au troisième qu’au quatrième trimestre (soit 1.2% en taux annualisé). Une telle occurrence n’est pas arrivé depuis 2010. Pour l’instant on peut prendre ce taux de croissance de 0.5% comme plafond de la prévision pour 2014.
Un tel changement de prévisions de la part du gouvernement valide, comme l’a évoqué Michel Sapin ce matin, l’abandon d’un objectif de déficit public à 3.8% pour 2014. Il sera supérieur à 4%. Le gouvernement a également annoncé une prévision de croissance de 1% l’an prochain. Après une croissance de 0.5% en 2014 cela suggère une progression de l’activité de 0.25% par trimestre. J’espère que ce n’est pas trop ambitieux.
Le premier graphe présente le PIB en niveau et sa tendance, en rouge, calculée sur la période allant de 2000 au premier trimestre de 2008. Le taux de croissance associé à cette tendance est de 1.8%. Depuis le point bas du 1er trimestre 2009, le taux de croissance moyen n’a été que de 1.05%. L’écart entre le PIB et la tendance est de 9.1% à la fin du deuxième trimestre de 2014.
Ce graphique permet de voir la rupture marquée de 2011 et ainsi l’impact de la crise des dettes souveraines en zone Euro et des politiques d’austérité prônées par Bruxelles qui ont emporté en récession l’Espagne, l’Italie et le Portugal notamment.
Le rebond de la consommation au deuxième trimestre n’est probablement que la compensation du repli constaté sur les trois premiers mois de l’année. Si l’on regarde dans le détail, le mouvement de rebond ne s’opère que sur les biens manufacturés et l’énergie. C’est ce que disaient déjà les chiffres mensuels. En revanche les services ont évoluer au même rythme lent qu’au premier trimestre. Il s’agit donc davantage d’un rattrapage que d’un changement de trajectoire.
Le point intéressant est celui des dépenses gouvernementales. Elles ont systématiquement une contribution positive. Cela montre bien leur importance dans la dynamique de la croissance française. Les réduire trop rapidement c’est prendre un risque alors que la demande privée reste sur une allure médiocre.
Le problème majeur est le repli, à nouveau de l’investissement (barre lilas). Les deux graphiques ci dessous traduisent bien les interrogations relatives à cet indicateur.
Le premier est la décomposition de l’investissement entre entreprises non financières, ménages (logement) et investissement public. Les ménages n’investissent plus en net depuis 10 trimestres; pas étonnant que l’allure des prix de l’immobilier ne soit plus flamboyante. L’investissement public est neutre et ne crée pas d’impulsion sur l’activité. Enfin l’investissement des entreprises non financières repart à la baisse depuis deux trimestres après une année 2013 plus favorable.
Une autre mesure préoccupante est celle de la croissance de long terme. Le graphe ci dessous retrace la croissance sur 5 ans depuis 1950.