Les questions sur la dette publique sont un peu dans les discussions économiques comme un marronnier: la dette publique focalise l’ensemble des inquiétudes et des incertitudes sur l’évolution d’un pays. Une augmentation trop rapide est perçue comme un signal de dégradation irrémédiable du futur.
Ce n’est pas aussi simple, heureusement.
D’abord parce que la dette publique élevée, souvent beaucoup plus élevée qu’actuellement, du Royaume Uni n’a pas empêché sa suprématie économique et politique pendant de très nombreuses années, décennies, siècles.
Ensuite parce que la dette publique doit être élevée car c’est le moyen le moins risqué de transférer de la richesse dans le temps. C’était d’ailleurs une des questions posées lorsqu’Alan Greenspan, alors président de la Fed, imaginait une éventuelle disparition de la dette publique américaine.
En France, l’assurance vie s’appuie majoritairement sur de la dette publique pour jouer ce rôle de support de la richesse dans le temps. Que deviendrait l’assurance vie sans un actif comme la dette publique?
La dette publique est aussi un moyen d’amortir les chocs et d’en lisser l’impact dans le temps. La hausse de la dette anglaise a correspondu souvent à des guerres (napoléoniennes ou mondiales). En dehors de ces périodes cela permet de transférer un excès de dette privée sur l’Etat. Celui ci pourra l’amortir sur 30 ans ou plus tout en réduisant les contraintes sur le secteur privé. Cela doit permettre de renouveler les sources de la croissance.
C’est ce qu’on fait les Etats-Unis à partir de 2009. La dette privée (ménages et entreprises) a reculé et celle de l’Etat a augmenté. Ce mouvement n’a surement pas été suffisant néanmoins car la dette privée reste très importante;
Le dernier point généralement évoqué est celui de la charge d’intérêt. Celle-ci trop élevée est perçue comme une contrainte dont la persistance pénalisera durablement la croissance, l’économie, nos petits enfants…..
Une remarque: qui touchera les intérêts sur les contrats d’assurance vie si ce ne sont nos enfants ou nos petits enfants. La boucle est bouclée.
Et puis ces montants sont ils aussi importants?
Si l’on prend le cas de la France, le montant des intérêts nets payés sur la dette publique n’a pas été aussi réduit depuis 1989. La baisse des taux d’intérêt fait son œuvre et c’est pour cela qu’il faut en profiter et ne pas hésiter à investir davantage pour créer une trajectoire de croissance plus élevée. Cela aura tendance à terme à faire baisser le ratio dette publique sur PIB.
Ne rien faire et frissonner devant le niveau de dette publique considéré comme trop important n’apporte rien et vouloir réduire rapidement le profil de la dette par la mise en place de politiques d’austérité a été catastrophique en zone Euro depuis 2011.
Cette situation d’intérêts réduits n’est pas propre à la France. Le Royaume Unis, l’Espagne et les Etats-Unis paient des intérêts plus élevés qu’en France. Pourtant leur croissance a été plus forte que celle observée l’hexagone en 2014.