Avec Aline Goupil Raguenès
Janet Yellen, la présidente de la Federal Reserve américaine, indiquait, à nouveau, la semaine dernière que la stabilité des anticipations d’inflation était une nécessité pour caler la politique monétaire, elle même en grande partie conditionnée par et conditionnant l’inflation.
Pourtant à y regarder de plus près, on peut se gratter la tête quant à la stabilité de ces anticipations.
Les marchés donnent un signal préoccupant. Le point mort d’inflation à 5 ans dans 5 ans, une sorte d’anticipation à long terme de l’inflation, chute de façon spectaculaire au cours des dernières semaines. L’indicateur avait été stable sur l’ensemble de la période, sauf en 2008/2009, y compris lors de la forte hausse du prix du pétrole. Aujourd’hui l’indicateur est au plus bas depuis 2003, hors le choc de 2008/2009. Pas sûr que l’on appelle cela des anticipations stables.
On peut toujours imaginer que ce sont des anticipations excessives car reflétant des comportements de marché parfois très volatils (même si la tendance ici est très marquée).
Regardons alors du côté des ménages. L’université du Michigan dans son enquête sur la confiance des ménages a une composante sur l’inflation médiane à 5 ans. Les données démarrent en 1991 et sont reportées dans le graphe ci-dessous.
Durant la période de hausse forte et durable du prix du pétrole les anticipations n’ont pas franchement décrochées de la zone délimitée par les 2 lignes rouges sur le graphe (le point haut est juin 2008, le prix du baril était supérieur à 140 $).
En février 2016 le taux d’inflation attendu par les ménages américains est au plus bas historique. Cela veut dire aussi que les négociations salariales ne traduisent pas de possibles revalorisations.
Bien sûr il y aura peut être de l’inflation de façon temporaire mais si l’on considère que les anticipations d’inflation donnent des signaux pertinents, la Fed va rengainer et maintenir son taux d’intervention dans la zone [0.25 – 0.50%] pour un bon moment. En tout cas pour les prochaines semaines on peut tabler sur le statu quo.