Les indicateurs de conjoncture restent robustes en janvier à l’exception de l’indice des BRIC et de l’indice ISM aux Etats-Unis. C’est ce que l’on peut constater dans le graphique ci dessous.
Ce graphique a priori complexe reflète la perception par les chefs d’entreprise de leur situation. Un indice au-dessus de 50 indique une amélioration de leur activité liée notamment à une hausse des commandes, de la production ou encore de l’emploi. Plus il s’éloigne de 50 par le haut, meilleure est la situation. L’interprétation est inverse pour un indicateur au-dessous de 50.
On observe sur ce graphe la bonne tenue du Royaume Uni et du Japon tout en haut du graphe mais aussi de la zone Euro. Celle-ci progresse sous l’impulsion notamment de l’Allemagne mais surtout de l’Espagne et de l’Italie.
L’indicateur mondial, en rouge, est stabilisé. L’incertitude vient des indices américains et BRIC. Ce dernier indicateur composé des 4 pays (Brésil, Russie, Inde, Chine) repasse sous le seuil de 50. Du côté américain, l’indice ISM chute à 51.3 contre 56.5 au mois de décembre.
L’alerte provoquée par la chute de l’ISM peut se comprendre ainsi.
Dans la phase de reprise de l’économie mondiale, les Etats-Unis ont un rôle de leader. Depuis qu’elle se recentre sur ses propres équilibres la Chine ne joue plus ce rôle. Cela crée d’ailleurs de l’incertitude dans les pays émergents. Ces derniers cherchent à retrouver une allure plus stable avant de s’occuper de l’économie globale.
Quant à l’Europe, elle est encore loin d’être un catalyseur de la croissance mondiale même si le Royaume Uni va mieux.
La situation ne va pas changer très rapidement dans les émergents (voir le point plus loin) et l’Europe reste fragile. Dès lors si les Etats-Unis ne joue plus ce rôle de leader dans la reprise les images se brouillent et le retour vers un environnement plus stable est suspendu.
Pour l’instant il ne faut pas s’inquiéter outre mesure du repli de l’indice américain. Tout voyageur aux Etats-Unis en janvier , notamment sur la côte Est, a pu se rendre compte des difficultés rencontrés du fait du froid et de la neige. C’est pour cela qu’il ne faut pas sur-interpréter ce chiffre de janvier.
La situation reste solide au regard des autres indicateurs, notamment aux Etats-Unis. Cela ne nous empêchera pas d’être très attentif à l’ensemble de ces évolutions.
Dans l’indice BRIC la répartition des composantes autour du seuil de 50 montre qu’il n’y a pas vraiment de dynamique autonome pour ce regroupement de pays, contrairement à ce que :l’on pouvait observer récemment dans le passé.
La Chine ne joue plus le rôle qui était le sien et les 3 autres pays ne mettent clairement pas l’activité au cœur de leur analyse de la conjoncture. Dans les communiqués de presse publiés par la Banque Centrale brésilienne et par celle de l’Inde après leur hausse récente de taux d’intérêt, il était clairement indiqué que l’objectif premier était de stabiliser l’inflation même si cela avait un coût en terme de croissance de l’activité.
Dès lors, tant que les menaces inflationnistes resteront fortes, l’arbitrage se fera en faveur de l’inflation. De plus, les investisseurs sont très attentifs à cette problématique car en voulant défendre l’inflation les autorités ont aussi pour objectif de stabiliser leur taux de change.
On a vu la semaine dernière avec la Turquie que les banques centrales ne peuvent prendre ces pressions à la légère. La remontée des taux d’intérêt turques faite sous la pression a été finalement peu efficace. Les choix brésilien et indien se font dans un cadre mieux défini et cela est rassurant pour les investisseurs.
D’une manière générale, la stratégie visant à stabiliser l’inflation et donc la parité est celle qui permettra de rassurer la communauté financière. La baisse de la monnaie provoque une poussée d’inflation qui si elle n’est pas maîtrisée crée une dynamique qui s’auto-entretient et qui à coup sûr éloigne les investisseurs.
Cet arbitrage au sein des BRIC en faveur de la lutte contre l’inflation rend l’économie globale encore plus dépendante des Etats-Unis.