La Banque Centrale de Chine a augmenté, samedi 15 mars, les marges de fluctuation de sa monnaie vis à vis du dollar. Jusqu’à présent le yuan pouvait évoluer de 1% à la hausse ou à la baisse face au dollar.
Depuis déjà quelques semaines le comportement de la monnaie chinoise avait changé. La longue appréciation du yuan s’est arrêtée dans le courant du mois de février. C’est ce que l’on peut noter dans le graphique ci dessous.
Une situation un peu similaire avait été observé à l’été 2012 avec une période de dépréciation de la monnaie chinoise. Le risque systémique était élevé en Europe et les tensions fortes sur les actifs financiers. L’objectif était alors d’être capable d’amortir un choc majeur.
Aujourd’hui, l’interprétation du mouvement sur le yuan reflète deux problématiques.
La première est celle du contexte macroéconomique global, un peu comme à l’été 2012 mais avec des raisons différentes car le risque systémique d’alors s’est nettement réduit.
Si l’on perçoit une amélioration dans le profil du cycle économique mondial, les trajectoires ne sont pas uniformes. Comme la croissance globale restera mesurée il est probable qu’il y ait une recherche d’autonomie dans le processus de croissance de nombreux pays (voir ici pour une analyse plus développée). Dès lors, que ce soit dans les pays développés ou émergents, on ne peut exclure des ajustements sur le change afin de retrouver des marges de manoeuvre via une amélioration de la compétitivité-prix. Des mouvement de dépréciation se sont vus récemment, notamment sur le yen mais aussi sur de nombreuses monnaies émergentes.
Si le lien entre le yuan et le dollar est trop rigide, toute dépréciation des monnaies émergentes pèsera sur le yuan via une appréciation du billet vert. En d’autres termes, la Banque de Chine ne peut pas exclure des chocs provenant du marché des changes. Des marges de fluctuations plus larges doit permettre de les amortir. Néanmoins, passer de 1 à 2% maintient les fluctuations dans un canal très étroit mais cela engendre de l’incertitude qui modifiera les comportements des investisseurs.
On voit sur le graphe la longue période d’appréciation de la monnaie chinoise depuis la mi-2010. Si la tendance est aussi déterministe, il est facile pour un investisseurs de la jouer et de gagner. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé récemment et qui a pu être observé via des flux de capitaux de court terme qui ont alimenté la liquidité de l’économie chinoise.
C’est ici le deuxième point d’explication. La Banque Centrale de Chine a indiqué vouloir laisser les taux d’intérêt se fixer librement à l’horizon 2016. Cela suppose une meilleure maitrise des indicateurs monétaires de la part des autorités pour mener à bien leur politique. Des marges plus importantes créent de l’incertitude pour les investisseurs, modifiant ainsi les stratégies mises en oeuvre mais renforçant le pouvoir des autorités.
C’est la conjugaison de ces deux éléments qui permettent de comprendre le geste de la BPoC. La Chine a multiplié les accords pour développer le yuan comme monnaie internationale. L’objectif à terme est d’avoir une monnaie convertible et la capacité pour la Chine de s’inscrire dans une dynamique financière plus globale. Le mouvement observé ce week-end est une étape supplémentaire dans ce sens.