L’économie italienne est en récession: son PIB a reculé deux trimestres consécutivement. Au cours des trois premiers mois de l’année il a baissé de -0.4% (taux annuel) et au printemps il s’est replié de -0.8%. L’acquis de croissance est de -0.3% pour 2014 à la fin du deuxième trimestre. Pour avoir une croissance nulle sur l’ensemble de l’année 2014 il faudrait désormais une croissance de 1.4% (taux annuel) à chacun des deux trimestres à venir. Cela parait difficile et le PIB italien se contractera en 2014.
Le premier graphe représente le PIB en niveau et à prix constant (ligne violette). La tendance, en rouge, a été calculée de 2000 à 2008 et prolongée jusqu’en 2014. Elle représente la dynamique de l’économie italienne avant la crise.
Trois remarques
- Le niveau du PIB en 2014 a convergé vers le niveau du PIB en 2000.
- La récession qui débute en 2014 est la troisième de l’économie italienne depuis 2008.
- L’écart avec la tendance est de 15%. Cela donne une mesure du choc subi par l’économie italienne.
L’économie italienne revient sur son niveau de l’année 2000 mais est elle la seule parmi les pays développés? (à l’exception de la Grèce). Le graphique suivant fait une comparaison avec les grands pays européens et les USA.
Deux pays sont proches du niveau de PIB de l’année 2000. L’Italie mais aussi le Portugal. Les deux profils de croissance lente avant la crise sont similaires et très différents de ceux observés sur le graphe.
Les Etats-Unis, la Grande Bretagne et l’Espagne sont les champions de la croissance des années 2000. L’Espagne, en dépit du retournement spectaculaire de son activité reste 20 % au dessus du niveau de 2000. La comparaison souvent faite entre l’Espagne et l’Italie pour les taux d’intérêt n’est plus valable lorsque l’on regarde le profil de l’activité.
Le Royaume Uni a aussi une très belle performance avant la crise et est bien meilleure sur la période que celle de la France et de l’Allemagne.
On notera que depuis 2000 la France et l’Allemagne font jeu égal. Cette dernière ne passe devant la France qu’au premier trimestre 2014. Auparavant, la dynamique de l’économie française était systématiquement plus robuste.
Dans le premier graphe je relevais que le taux de croissance tendanciel était de 1.2%. Si à partir du 3ème trimestre 2014 l’Italie retrouvait ce rythme de progression, combien lui faudrait il de temps pour revenir sur le niveau observé en 2007. C’est l’objet du 3ème graphe.
Dans ce schéma très simple, il faudrait 8 ans (2022) pour que le PIB revienne à son niveau de 2007. En d’autres termes, pendant 15 ans, à partir de 2008, le PIB aura en retrait par rapport au pic de 2007. C’est spectaculaire. Cette hypothèse de 1.2% est cependant peut être un peu forte. Avec une croissance de 0.5%, la convergence ne s’opère qu’en 2032.
Le PIB est une chose mais le PIB par tête est au moins aussi important. J’ai pris des données annuelles jusqu’en 2013 (pas de chiffre de population pour 2014). Le PIB par tête en 2013 est plus de 10% en dessous de son niveau de 2007. A nouveau, en prenant le taux de croissance tendanciel de 2000 – 2007, on peut calculer le retour vers le niveau de 2007.
14 années (2028) seront nécessaires pour revenir sur le PIB par tête de 2007. Là aussi le taux de croissance utilisé (0.8%) est probablement trop optimiste.
Dans les deux projections faites ci dessus j’utilise les taux de croissance calculés sur la période avant la crise. Cela est probablement trop optimiste. Le reflux de l’investissement a affecté la croissance potentielle italienne mais surtout la population vieillit rapidement pénalisant la croissance. Le graphe ci dessous reprend les projections faites par l’institut italien de statistiques.
L’ajustement démographique a déjà démarré. La part de la population en âge de travailler diminue déjà. A l’horizon de 2022 (première projection) elle aura baisser de 2 points de pourcentage alors que la part de la population de plus de 65 ans aura augmenté de 3 points. A l’horizon 2028 (deuxième projection) ces effets sont encore accentués.
Cette dynamique va forcément peser sur la dynamique de la productivité et le niveau de la production.En d’autres termes, le taux de croissance attendu dans les années à venir ne pourra pas converger durablement vers la cible d’avant crise. Les ajustements iront au delà de 2022 et 2028.
Se posera alors la question du financement des retraites et du niveau de vie. Shinzo Abe, au Japon, a indiqué que la solution pourrait passer par les robots afin d’améliorer la productivité de l’économie japonaise et être capable de résoudre la question du financement des retraites et du maintien du niveau de vie.
Cela pourrait être aussi la solution pour l’Italie, mais il faut aller vite.