La Fed, demain, n’a pas de raisons de changer de stratégie.
Elle va continuer de réduire les achats d’actifs car il n’y a pas spontanément d’éléments l’incitant à ne pas le faire. En revanche, je ne crois pas à une annonce ou un signal sur les taux d’intérêt. Je ne crois pas que le terme « les taux resteront bas pour une période considérable » sera modifié. Il est encore trop tôt.
Lors des conférences de presse précédentes, la présidente de la Fed a clairement évoqué sa liberté de choisir sans se lier les mains par un engagement excessif. Il n’y a pas de raison pour qu’elle change. Elle ne veut pas sur-réagir et préfère probablement intervenir avec retard plutôt qu’agir prématurément. Elle ne veut pas prendre de risque sur la dynamique de l’activité même si celle ci est apparue robuste tout au long de l’été (l’indice ISM global synthétisant les deux enquêtes des secteurs manufacturier et non manufacturier est au plus haut depuis 2005). Et si le chiffre de l’emploi du mois d’août a été perçu comme un phénomène temporaire il traduit aussi un risque reflétant une économie qui n’a pas encore rejoint une trajectoire élevée. Car le problème de l’économie n’est pas de retrouver de la croissance mais de converger vers une trajectoire suffisamment élevée pour engendrer une dynamique auto-entretenue. Cela ne semble pas être le cas pour l’instant.
La Fed a d’autant moins de raisons de changer de stratégie que les indicateurs d’inflation sont bas. Le taux d’inflation basé sur les dépenses des ménages (PCE) est à 1.6% en juillet, bien en dessous de la cible de 2% de la Fed. La hausse des taux de salaires (1.8% sur un an pour les salariés du privé) est toujours insuffisante pour inciter les chefs d’entreprise à changer leur stratégie de fixation des prix (s’ils le peuvent). Il faudrait pour cela que les salaires créent une pression supplémentaire et ne soient pas compensés par les gains de productivité. Pour l’instant, la hausse des salaires ne va pas en moyenne au delà des gains de productivité. C’est pour cela notamment que les pressions inflationnistes sont réduites. Pour créer des tensions plus marquées, il faudrait une progression des salaires de 3.5 à 4% au moins sachant que par le passé cela n’a pas forcément été toujours suffisant. Nous n’y sommes pas encore.
Le dernier argument pour le statu quo est l’environnement international. La croissance est réduite et les incertitudes sont fortes au Japon, en Chine, dans de nombreux pays émergents ainsi qu’en zone Euro. Cela se traduit par des taux d’intérêt plutôt bas un peu partout ce qui devrait favoriser l’amélioration des conditions d’activité. Est ce le moment de changer brutalement les anticipations dans tous ces pays ? Pas sûr