Verbatim de ma chronique hebdo
Plusieurs points à retenir cette semaine
L’Europe a été au cœur de l’actualité mondiale cette semaine avec les élections grecques et la décision de la BCE. Par ailleurs, les premières enquêtes auprès des chefs d’entreprise de la zone euro pour le mois de janvier ont été publiées.
Les élections grecques ont vu la large victoire de Syriza mais sans pour autant obtenir la majorité absolue à 2 sièges près.(149 sur une assemblée de 300)
Cela va obliger Alexis Tsipras à négocier pour une former une coalition. Il a trois jours pour cela. Le parti qui sera choisi sera important car s’il choisit Anel qui est plus radical alors cela pourrait engendrer une méfiance supplémentaire des investisseurs. En revanche Potami serait plus centriste et rassurant.
Le deuxième point est que le nouveau gouvernement qui doit se former dans les trois prochains jours doit se saisir des dossiers économiques très rapidement. D’abord parce que selon le journal Ekathimerini il y aurait eu ces deux dernières semaines d’importantes sorties de capitaux qu’il faut tarir rapidement. La procédure d’urgence ELA auprès de la BCE sera encore nécessaire.
Ensuite il faudra pour ce nouveau gouvernement commencer à négocier avec l’Eurogroup car l’extension du programme d’aide sera discuté par le 16 février. Le programme actuel s’arrêtera à la fin du mois de février.
Il va falloir que le gouvernement fixe ses priorités pour que ce programme de soutien puisse continuer. Cela nécessitera des engagements vis à vis de l’Europe.
Compte tenu de la rupture opérée par la victoire de Syriza, il n’est pas exclu que des membres de la nouvelle majorité soient virulents face à ces engagements.
La négociation sur la dette publique devra alors s’engager. La hausse de celle ci à plus de 175% du PIB reflète en grande partie la baisse de l’activité (la baisse rapide du PIB provoque une hausse du ratio dette sur PIB).
Dès lors le maintien de politiques d’austérité pèserait sur le profil de l’activité sans résoudre la question de la soutenabilité. La nécessité de réformes mis en avant par Jens Weidmann le président de la Bundesbank à l’issue des résultats des élections grecques est une façon de faire reposer l’ajustement sur la Grèce et de dédouaner les institutions européennes. L’endettement supplémentaire qui pénalise aujourd’hui la Grèce était nécessaire car les ajustements demandés par la troïka ne permettaient pas d’inverser à la hausse la dynamique de l’économie. Il y a ici un côté incohérent.
Le nord va devoir payer une partie du coût d’ajustement des pays du sud si l’objectif commun est le maintien de la zone euro. Le bras de fer commence. L’éventuelle contagion politique, notamment à l’Espagne, sera intéressante à suivre. L’objectif de Syriza et de Podemos en Espagne est de rester dans la zone Euro mais d’en altérer les modes d’ajustement pour les mutualiser davantage
L’autre grande rupture est la mise en place d’une opération de quantitative easing par la BCE.
Celle ci a présenté un programme de grande ampleur, supérieur à ce qui était attendu. Rappelons en les éléments. La BCE va acheter pour 60 milliards d’actifs chaque mois à partir de mars et jusqu’en septembre 2016 au moins. Elle pourrait prolonger si le profil attendu de l’inflation n’est pas cohérent avec sa cible de 2%. Ces 60 milliards comprendront les achats d’obligations sécurisées et d’ABS qui ont débuté en octobre et en novembre. Les montants de ces deux opérations sont de l’ordre de 12 Mds par mois. Cela se traduira par des achats nouveaux de 48 Mds environ.
Le deuxième point est la réduction des coûts des opérations de TLTRO afin de faciliter le transfert de risque vers la BCE
Le troisième point est que 20 % des actifs nouveaux seront mutualisés et 80% des risques seront portés par les banques centrales nationales. Sur les 20% qui seront mutualisés, 12 % porteront sur des actifs d’entités européennes qui par construction sont déjà portées par l’ensemble des pays de la zone euro.
La question de l’ajustement en cas de défaut d’un pays n’a pas été éclaircie.
La BCE met en œuvre d’un programme de soutien de la demande soit via un euro plus faible pour faciliter les exportations, soit via une courbe des taux de rendement très faible afin d’accroitre la préférence pour le présent et inciter à l’arbitrage vers des investissements plus risqués.
Très clairement, l’enjeu est la croissance pour la BCE. Si cela fonctionne les pressions déflationnistes seront moindres.
Le troisième point est le léger rebond des enquêtes du type Markit pour le mois de janvier. L’indice synthétique pour la zone Euro rebondit et pourrait traduire une possible amélioration de la croissance. Les chefs d’entreprise restent prudents car malgré la baisse de l’euro et du prix de l’énergie ils s’interrogent encore sur le caractère permanent ou pas de ce mouvement. Pour l’instant l’impact en terme de commandes n’est pas encore suffisant pour les convaincre. Ne doutons pas que cela sera le cas dans les prochains mois mais cela prendra du temps. Si effectivement, ces replis sont permanents alors des signaux plus forts sur l’investissement et l’emploi pourront être observés. Après 4 années mouvementées sur le plan conjoncturel on ne peut pas demander aux chefs d’entreprise de réagir spontanément à une amélioration qui doit être confirmée.
On notera aussi le fort rebond de l’enquête ZEW sur une perception beaucoup plus optimiste du futur immédiat. En revanche l’enquête de l’INSEE sur le climat des affaires est inchangée en janvier par rapport à décembre.
Pour la semaine qui s’ouvre on retiendra la réunion de la Federal Reserve américaine et les éventuelles conclusions qui pourraient poindre de son communiqué de presse puisqu’il n’y aura pas de conférence de presse dont probablement pas d’annonce majeure. Il y aura aussi la première publication du PIB anglais et du PIB américain pour le 4ème trimestre 2014. Ce sera aussi une première estimation pour le chiffre de l’année
Enfin, l’estimation de l’inflation de janvier pour la zone Euro devrait se traduire par l’exploration de chiffres plus négatifs que le -0.2% constaté en décembre
Bonne semaine