Verbatim de ma chronique du jour
La Fed a-t-elle déjà durci sa politique monétaire ? Probablement avec la hausse du billet vert qu’elle n’a pas découragée. Dès lors, la discussion sur la remontée de son taux de référence est un peu vaine.
La situation monétaire aux Etats-Unis a déjà changé radicalement depuis le début de l’été 2014. Le taux de change du dollar contre les monnaies de ses principaux partenaires commerciaux s’est apprécié de plus de 15% depuis cette période et est au plus haut depuis 2004. Ce changement dans l’orientation de la monnaie américaine a d’ailleurs été souligné par les entreprises qui ont indiqué que leurs résultats avaient été affectés par la force de la monnaie américaine.
La stratégie monétaire de la Fed est devenue plus restrictive sans modifier le niveau de ses taux d’intérêt de référence.
L’économie américaine dont la dynamique de croissance s’est renforcée depuis le printemps 2014 a été un facteur d’appréciation du dollar. Dans le même temps la gestion attentive de la politique monétaire s’est traduite d’abord par une réduction relative de la liquidité avec la fin du QE effective en octobre mais annoncée de longue date et par le suspens quant à une possible remontée des taux d’intérêt. On l’observe via le vocabulaire utilisé par la Fed dans ses communiqués de presse.
Cet attrait pour la monnaie américaine risque de durer puisque la croissance globale reste sur une tendance médiocre comme le soulignait la révision à la baisse de la croissance mondiale par le FMI il y a quelques jours.
D’ailleurs serait il souhaitable de voir la Fed remonter ses taux d’intérêt alors que la tendance générale est à l’assouplissement des politiques monétaires. Ces dernières semaines les orientations prises en Egypte, en Inde, en Roumanie, au Pérou, au Canada, au Danemark, au Pakistan, à Singapour, en Turquie et en zone Euro vont dans le sens d’un assouplissement monétaire. L’Australie et probablement la Corée vont suivre.
Cela traduit à la fois une interrogation sur la croissance et une réduction observée de l’inflation.
Dès lors, si l’objectif de la Fed est de contraindre un peu l’économie américaine, la hausse du taux de change du dollar peut suffire. Une remontée de son taux d’intérêt de référence pourrait simplement accentuer les flux de capitaux vers les Etats-Unis et finalement pénaliser le reste du monde, notamment les pays émergents.
Les USA ne sont pas isolés et une dégradation supplémentaire de l’activité dans le reste du monde serait pénalisante pour eux. Cela implique qu’il n’y a pas d’urgence pour la Fed à remonter ses taux. L’appréciation de la monnaie devrait suffire pour limiter le risque d’inflation et peser sur la dynamique des entreprises si cela est nécessaire. Dès lors la probabilité d’une remontée des taux US en 2015 apparait nettement plus réduite et repousse l’échéance sur 2016. Mais même à cette échéance on peut se poser la question : l’endettement des acteurs non financiers de l’économie globale n’a jamais été aussi élevé, principalement sous l’influence des pays industrialisés, est il possible d’imaginer dans ses conditions la mise en œuvre de politiques monétaires durablement restrictives avec des taux d’intérêt plus élevés ? Probablement pas si l’objectif reste la croissance