Verbatim de ma chronique du jour
La guerre monétaire est lancée en Europe. La Suisse, le Danemark et la Suède avaient déjà une politique monétaire très accommodante avec un taux d’intervention à 0 et un taux de dépôt négatif à -0.75%.
Mais cela n’a pas été suffisant puisque la Banque centrale suédoise a décidé hier de réduire son taux d’intervention de 10 points de base à -0.1%. Elle va aussi mettre en place un quantitative easing de 10 Mds de couronnes suédoises. Le Danemark aussi fait du Quantitative easing puisque pour défendre la parité de sa monnaie avec l’euro la banque centrale danoise est obligée d’intervenir massivement.
La justification des mesures suédoises est la déflation dans laquelle se débat cette économie depuis de nombreux mois. Cette question de la déflation caractérise la dynamique européenne même là où il y a de la croissance. A priori la Suède va connaitre une croissance robuste en 2015 si l’on suit les perspectives publiées hier par la Banque de Suède ou si l’on regarde celles de la commission européenne.
Il y a donc la nécessité d’une politique monétaire active afin de peser sur le profil des prix. Hier la Suède n’a pas eu le monopole des annonces puisqu’au Royaume Uni, le patron de la Banque d’Angleterre indiquait que si à terme le taux d’intérêt de la banque d’Angleterre allait forcément remonter il pouvait, parce que l’inflation allait passer en territoire négatif, s’ajuster à la baisse et tendre vers 0%.
Dans cet environnement très particulier de taux d’intérêt au voisinage de 0% voire de taux négatifs, le rôle de la BCE est majeur. Sa politique monétaire est de maintenir des taux d’intérêt très bas pendant très longtemps quelle que soit la maturité des taux d’intérêt. C’est notamment l’un des objets du quantitative easing. Cette stratégie a provoqué et cela était souhaité une baisse rapide, profonde et durable de l’euro.
Dès lors les pays liés à l’euro, comme cela est le cas pour le Danemark où potentiellement pour la Suisse, sont obligés de mettre en place des politiques monétaires encore plus accommodantes pour accompagner la baisse de la monnaie européenne. Comme la structure des taux de la zone Euro est proche de 0, ils sont obligés d’avoir des taux d’intervention plus bas encore. Et en cas de lien direct comme le Danemark d’intervenir sur le marché des changes.
La Suède n’a pas de liens aussi forts avec la parité de l’euro mais pour conserver une monnaie compétitive elle doit adopter une stratégie monétaire cohérente avec celle de la zone euro
Ce qui est intéressant est que la Banque de Suède et la Banque d’Angleterre considèrent que cette épisode est temporaire mais que très vite des taux plus élevés seront nécessaires. Pourtant, la question de la déflation ne va pas se résoudre spontanément et surtout, il ne semble pas que la BCE souhaite abandonner sa politique monétaire très accommodante très rapidement. La zone Euro paie l’impact persistant des politiques très restrictives mises en place au début de la décennie et cela prendra forcément du temps. Les stratégies monétaires en Europe resteront conditionnées par cela.
L’Europe va devoir s’habituer à des politiques monétaires durablement accommodantes même pour les pays qui ne sont pas dans la zone Euro. Cela ne ressemble pas à une guerre des monnaies telle qu’on a pu en connaitre par le passé, il n’y a pas une lutte acharnée pour faire baisser sa monnaie au sein de l’Europe mais simplement de maintenir une politique cohérente avec celle massive de la BCE.
De fait, les pays européens non membres de la zone Euro ont perdu une grande partie de leur indépendance monétaire avec la stratégie mise en place par la BCE depuis septembre.