Verbatim de ma chronique du jour
Chronique italienne ce matin car je suis à Milan et parce que l’économie italienne est peut être en train de s’installer sur une dynamique nouvelle.
Les enquêtes menées auprès des ménages et des entreprises italiennes ont changé d’allure depuis le début de cette année. D’un seul coup le modèle semble avoir été renouvelé : les ménages sont plus optimistes et les entreprises ne sont plus à la traine lorsque les enquêtes italiennes sont comparées à celle des autres pays de la zone euro, France exceptée.
Ce qui est frappant dans les enquêtes tant auprès des ménages que des entreprises est la capacité qu’elles suggèrent une capacité à se projeter vers l’avant, le sentiment que le cadre a changé et qu’il y a à nouveau des perspectives plus souriantes pour l’Italie.
Cela se note du côté des ménages sur la perception du marché du travail. Les perspectives ont évolué de façon radicale et provoqué une perception plus positive de l’avenir pour les italiens. Est ce l’impact de la loi sur le marché du travail ?
Pour les entreprises aussi le changement est majeur, notamment dans l’enquête globale comprenant l’ensemble des secteurs italiens. L’amélioration est notable du côté des industriels mais c’est surtout dans les services que la situation donne des signaux très positifs.
En d’autres termes, le marché intérieur italien est en train de bouger rapidement et la dynamique qui s’installe pourrait être un soutien majeur à la croissance. Ce serait un changement radical car l’allure médiocre de cette demande interne est l’élément clé pour appréhender le repli de cette économie notamment depuis 2011.(voir le graphe plus bas)
Bref l’Italie est en train de changer de perspectives. La loi sur l’emploi est peut être un facteur majeur qui montre que la situation peut évoluer et que cette économie peut bouger et changer de comportement.
Cette orientation nouvelle a profité aussi de l’environnement plus porteur pour l’ensemble des pays européens. L’Euro est déprécié ce qui a pu jouer notamment sur les entreprises industrielles. La baisse du prix de l’énergie est aussi un facteur important comme il joue aussi pour l’ensemble des consommateurs européens.
Ce changement de perspectives des italiens arrive au bon moment car l’Italie va bénéficier très fortement de la mise en œuvre du quantitative easing de la BCE. Ses spreads vont se réduire rapidement. L’amélioration des conditions de crédit font que le changement des perspectives du côté des entreprises pourrait se traduire par davantage d’ambitions sur l’investissement. Et cela serait une véritable rupture pour l’économie italienne.
Ce retournement des perspectives ne règle pas l’ensemble des questions italiennes, notamment sur la démographie et la compétitivité-prix, mais il pourrait interrompre et peut être inverser une situation qui se dégrade globalement depuis 2008.
La bonne surprise de 2015 est dès lors peut être à attendre du côté italien. Les pays du sud se réveillent ; après l’Espagne en 2014, l’Italie en 2015. Ce serait une très bonne nouvelle pour la cohérence de la zone Euro.
Addenda
Le graphe ci dessous décompose le profil du PIB depuis 1999 (début de l’euro) en ses différentes composantes cumulées. La faiblesse de la demande interne est clairement au cœur de la fragilité italienne