Verbatim de ma chronique hebdo
Plusieurs éléments à retenir cette semaine
Le premier point est la baisse rapide de l’euro qui, en 10 jours, est passé de 1.13 contre dollar à 1.05. Ce repli s’observe face à toutes les monnaies puisque le taux de change effectif, qui est une moyenne des taux de change de l’euro face à ces principaux partenaires commerciaux, est au plus bas depuis juin 2002. La compétitivité-prix de la zone Euro s’en trouve fortement améliorée.
L’explication de ce repli rapide de la monnaie européenne est à trouver dans la détermination de la BCE de mettre en œuvre une politique monétaire autonome. L’annonce effective par Mario Draghi des détails des opérations de quantitative easing a servi de déclencheur et a traduit la volonté de la BCE de maintenir un taux de change très bas pendant très longtemps. Mario Draghi a réussi à convaincre l’ensemble des intervenants que la banque centrale européenne ne remonterait pas ses taux d’intérêt avant les autres. Elle s’est engagée dans la durée afin d’infléchir les anticipations des investisseurs.
Dans le même temps les chiffres de l’emploi aux Etats-Unis ont maintenu la possibilité d’une remontée des taux de la Fed dans un délai pas trop éloigné. Cette divergence des perspectives en matière de politique monétaire est un élément clé pour convaincre que l’euro pourra aller plus bas rapidement.
Dès lors si chacun est persuadé d’un tel mouvement, l’euro baisse rapidement dès maintenant car chacun positionne son portefeuille pour bénéficier d’un tel repli. Ce qui était attendu dans le futur a alors lieu maintenant. C’est pour cela que la parité s’est réduite aussi rapidement.
La baisse des taux d’intérêt de la zone Euro repose aussi sur un mécanisme de ce type. La mise en œuvre du quantitative easing incite à ajuster son portefeuille aux mouvements attendus sur les taux d’intérêt via l’important apport de liquidité de la part de la BCE. Tant que celle ci est crédible dans son action les taux d’intérêt resteront très bas.
Le deuxième élément clé de la semaine porte sur la situation chinoise. Les indicateurs relatifs à l’activité se sont infléchis rapidement au cours des deux premiers mois de 2015. La production industrielle est clairement passée sous le seuil des 7% de progression sur un an et l’investissement global sous celui des 14%. Ces chiffres sont les plus réduits soit depuis la crise de 2008/2009 pour la production industrielle soit depuis le début des années 2000 concernant l’investissement. Ce manque de tensions s’observe aussi par l’absence de pressions sur les prix. Le taux d’inflation à 1.4% en février contre 0.8% en janvier rebondit essentiellement sur les prix alimentaires et les prix de production reculent de -4.8% en février sur un an. La déflation n’est pas loin.
La question est toujours celle de la gestion des contraintes issues du passé comme l’immobilier ou le surendettement. Elles menacent la dynamique immédiate. La banque centrale a réduit ses taux d’intérêt et devra le faire encore et des mesures pour réduire l’endettement des provinces sont actuellement proposées afin de réduire la charge de la dette de ces provinces et leur donner des marges de manœuvre.
La dynamique chinoise réduite ne va pas renouveler rapidement les tensions sur le marché des matières premières. Cela devrait permettre de maintenir les prix bas notamment sur le pétrole. La remontée récente des prix sur l’or noir ne sera que temporaire car tous les producteurs continuent de produire à fond y compris aux USA. La fermeture des puits les moins rentables n’a pas encore eu d’impact franc et perceptible sur la production.
Le troisième point est le repli des ventes de détail aux USA pour le troisième mois consécutif. Cela aura un impact négatif sur le profil de la consommation au premier trimestre. L’acquis pour les dépenses hors éléments volatils (auto, essence et matériaux de construction) est de 0.1% pour le premier trimestre à la fin février contre une progression, non annualisée, de 1.4% au dernier trimestre 2014. L’effet du climat sur cet indicateur est probablement assez marqué.
On relèvera aussi la quasi stabilité de l’emploi en France au dernier trimestre de 2014. Le chiffre est en amélioration nette par rapport à celui du 3ème trimestre mais il est aussi meilleur que celui qui avait été publié en première estimation. L’intérim est le principal moteur de l’amélioration.
Le chiffre d’inflation en France s’est inscrit à -0.3% en février après -0.4% en janvier. Sur le mois, l’indice des prix a rebondi de 0.7% après le recul de -1% en janvier. Ce mouvement traduit l’effet des soldes essentiellement.
Pour la semaine à venir le point d’orgue sera la conférence de presse de Janet Yellen (mercredi) à l’issue du comité de politique monétaire de la Fed. La question portera sur les nouvelles prévisions de la banque centrale américaine et sur le maintien ou pas du terme « patient » dans le communiqué de presse. Au regard de l’intervention de Janet Yellen au Congrès le 24 février, ce terme devrait disparaitre car la Fed ne veut plus être contrainte par des engagements dans la durée quant à la gestion de sa politique monétaire. L’abandon du terme ne signifiera pas pour autant une remontée imminente du taux des fed funds.
On disposera lundi de toute une série d’indicateurs américains sur la production industrielle en février, l’enquete de la Fed de New York pour le mois de mars et l’indice des constructeurs de maisons. On aura les mises en chantier mardi et l’enquete de la Fed de Philadelphie, jeudi
On disposera aussi des chiffres de l‘emploi au Royaume Uni et des minutes de la dernière réunion de la banque d’Angleterre mercredi
Mardi on aura le détail de l’indice des prix de la zone euro. Le chiffre de -0.3% pour février devrait être confirmé et on aura l’indice ZEW en Allemagne pour le mois de mars.
Bonne semaine