Six points cette semaine pour suivre la conjoncture
Premier point – La Fed a remonté son taux de référence. Il s’inscrit désormais dans le corridor [0.25 – 0.50%] contre [0 – 0.25%] depuis décembre 2008.
La banque centrale américaine considère que l’économie est suffisamment robuste pour amortir une hausse des taux d’intérêt tout en continuant d’améliorer la trajectoire du marché du travail. Elle fait aussi l’hypothèse que le taux d’inflation va converger vers 2% à l’horizon 2018.
Ses anticipations d’accélération de la croissance sont néanmoins très réduites.
Pour l’année 2016, la Fed est restée prudente, indiquant clairement qu’elle ne s’engageait pas dans un profil de remontée similaire à ceux observés par le passé. Elle ne souhaite pas aller rapidement afin de ne pas prendre le risque de déstabiliser l’économie à la sortie d’une longue période de taux 0%. Elle ne souhaite pas ainsi prendre le risque de voir les taux d’intérêt de long terme remonter et pénaliser l’ensemble de l’économie, notamment le marché immobilier.
Même si je ne suis pas persuadé de la nécessité de durcir le ton tant qu’il n’y a pas d’inflation, la Fed veut continuer la normalisation de sa politique. Je reste donc sur 2 hausses des taux en 2016 avec un premier mouvement en juin. Ce qui sera intéressant à suivre sera le profil effectif de l’inflation. Janet Yellen a considéré comme garanti la convergence vers 2%, indiquant comme support à cette anticipation un facteur transitoire encore à la baisse en 2016 mais pas après, le prix du pétrole, puis une remontée des salaires. C’est souhaitable mais ce n’est qu’à l’horizon 2018. N’était-il pas souhaitable d’attendre même si cela se traduisait par un taux d’inflation un peu au-dessus de 2%? Qui s’en serait plaint?
Les anticipations de hausse des taux sur 2016 sont modérées, de la sorte, les impacts sur les pays émergents et sur la stratégie de la BCE seront limités.
Reste une question: le pétrole est un peu au-dessus de 35 dollars le baril actuellement. Il pourrait aller bien plus bas compte tenu du déséquilibre sur le marché pétrolier. Cela se traduirait par des anticipations d’inflation bien plus basses et un taux d’intérêt de long terme (pas seulement aux USA) plus bas. Si c’est le cas, la Fed avait-elle raison de remonter son taux d’intérêt maintenant? Je ne suis pas certain.
Deuxième point – L’économie française a bien résisté au choc des attentats
Après les attentats du 13 novembre, la question, sur le plan économique, portait sur la capacité de l’économie française à en amortir l’impact alors qu’elle sort simplement d’une longue période de croissance très lente. Les enquêtes auprès des chefs d’entreprise de novembre ne renseignaient pas suffisamment car une grande partie des résultats avait été collectée avant le 13 novembre.
En décembre, les enquêtes montrent que l’économie a ployé mais n’a pas montré de signes de rupture. Le secteur manufacturier a progressé dans les 2 enquêtes, INSEE et Markit, alors que les services et la distribution étaient affectés sans pour autant indiquer un recul de l’activité. (voir aussi ici)Ce résultat est cohérent avec l’optimisme de l’INSEE, que je partage, dans sa note de conjoncture. La reprise attendue de l’investissement et l’effet durable du prix bas du pétrole seront des sources robustes pour la conjoncture 2016.
Troisième point – L’enquête Markit pour la zone Euro continue de s’améliorer
L’indice synthétique pour l’économie de la zone s’est inscrit à 53.1 en décembre. Pour le trimestre sa moyenne est à 53.1 alors qu’au 3ème trimestre on ne constatait qu’un chiffre moyen de 52.7. C’est, comme en France, le secteur manufacturier qui va mieux alors que l’expansion du secteur des services est plus limitée.
Ce profil de l’activité retracée par cette enquête est compatible avec une croissance de 1.5% pour 2015.
On notera que l’emploi progresse encore et c’est un signal encourageant dans la poursuite d’une dynamique de la croissance plus autonome en zone Euro. L’indice Markit continue de croître en décembre au plus haut depuis mai 2011. Au troisième trimestre, l’emploi a aussi progressé de 1.1% en taux annualisé après 1.6% au T2. Le coût du travail est en hausse de seulement 1.1% sur un an au 3ème trimestre. Cela ne crée pas de pressions sur les prix.
L’indice IFO a reculé marginalement en décembre à 108.7 contre 109 en novembre. Ce sont les conditions courantes qui reculent légèrement.
Quatrième point – Le taux d’utilisation des capacités de production continue de baisser aux USA
En novembre, ce taux est en repli assez net. C’est un point que je surveille attentivement car c’est généralement un bon indicateur de retournement du cycle économique. Au regard de son profil, un ralentissement est probable dans la deuxième moitié de 2016 avec un taux de chômage qui ne baissera plus à partir du printemps/été 2016.
Certes ce même taux d’utilisation ne se replie pas de la sorte dans le secteur manufacturier. C’est le secteur pétrolier qui pèse très lourd et crée un choc sur l’ensemble de l’économie puisque l’investissement et les projets d’investissement dans le secteur baissent de façon significative. L’impact sera durable.
Les indices des enquêtes des Fed de New York (Empire State) et de Philadelphie ne présentent toujours pas de tendance marquée et chacun reste très en dessous de sa moyenne historique.
Cinquième point – Le taux d’inflation est stable en zone Euro et s’accélère un peu aux USA
L’indice des prix de la zone Euro est conforme à sa publication flash (les arrondis font que l’estimation est passée de 0.1 à 0.2% entre l’estimation flash et la définitive mais c’est juste une différence de 0.01% entre les deux estimations.)
L’indice des prix est un peu plus rapide aux USA avec une progression de 0.5% sur un an. Le point à signaler ici est que le taux d’inflation sous-jacent passe le cap des 2% avec néanmoins une contribution massive du logement. Néanmoins, les autres composantes ont une contribution bien plus marquée. Ce sera le facteur à surveiller au cours des prochains mois.
Sixième point – La dynamique des salaires s’essouffle au Royaume Uni.
Le reflux est significatif et montre un source de fragilité de la dynamique britannique.
Pour la semaine qui s’ouvre
Le point important, en France, sera le chiffre de la consommation des ménages en novembre. On pourra y voir, du côté des consommateurs, l’impact des attentats du 13 novembre. Ce sera mercredi. On aura aussi ce jour là la décomposition détaillées du PIB du 3ème trimestre (taux de marge notamment)
Pour la France encore, le nombre des inscrits à Pôle Emploi sera publié le 24 décembre.
On aura mardi aux USA et mercredi au Royaume Uni l’estimation finale du PIB du 3ème trimestre.
Mercredi aux USA, les chiffres des revenus et des dépenses des ménages en novembre avec également l’indice des prix PCE suivi par la Fed. On aura aussi ce jour là les commandes de biens durables et sa composante importante sur les commandes de biens d’équipement.
Jeudi au Japon, l’indice des prix et surtout les dépenses des ménages en novembre
Joyeux Noël à tous