5 points à observer cette semaine pour appréhender la conjoncture globale
Point #1 – La dynamique de l’économie globale reste faible
Les chiffres de la production industrielle mondiale à fin mars sont toujours très faibles et le commerce mondial est quasiment à l’arrêt sur un an. Cela confirme l’idée que l’on peut pas attendre d’impulsion en provenance du reste du monde et que la croissance doit avant tout se trouver localement. C’est un défi majeur pour tous,, y compris les pays développés, et notamment l’Europe qui a été plus suiveuse que leader au cours des dernières décennies.
Les chiffres européens sont meilleurs depuis quelque temps en raison du focus porté sur le marché domestique. Il faut aller plus loin pour accentuer encore davantage la dynamique d’emploi et de revenu.
Point #2 – Les enquêtes nationales en zone Euro s’améliorent
L’indice du climat des affaires en France, l’IFO en Allemagne ou encore l’indice italien sont en hausse au mois de mai. C’est un élément clé à retenir. Les enquêtes en Allemagne et en Italie qui avaient eu tendance à s’effilocher depuis l’automne 2015 repartent de l’avant depuis 2 mois. L’indice du climat des affaires en France progresse malgré tout de façon limité et son niveau reste réduit.
Concernant la France, l’ensemble des indices est plus robuste y compris la construction et la distribution. Ce sont des signaux traduisant une dynamique interne plus robuste.
On retrouve des caractéristiques similaires lorsque l’on regarde la situation de l’Allemagne. La dynamique interne se renforce. Le secteur manufacturier est plus robuste de façon récente et cela sera une support pour l’économie allemande (impulsion de l’extérieur)
Point #3 – L’enquête Markit est moins optimiste en zone Euro, au Japon et aux USA
L’estimation avancée de l’enquête Markit est moins optimiste en mai pour la zone Euro. Si l’on suit la relation entre l’indice synthétique et le profil du PIB il faut s’attendre à une inflexion de la mesure de la croissance au T2. C’est un peu en contradiction avec les enquêtes nationales évoquées plus haut. A court terme cela n’est pas aberrant.
Au Japon, la crise s’affirme un peu plu si l’on suit l’indice Markit pour le secteur manufacturier. Cela plus la faiblesse de la demande interne ont probablement été les facteurs incitant Abe a repoussé la hausse de la TVA à 2019.
Aux USA, l’indice Markit pour le secteur manufacturier a été estimé en repli en mai par rapport à avril. L’indice s’est inscrit à 50.5 contre 50.8 en avril. Cela ne suggère pas une hausse de l’activité dans les prochains mois. Le graphique montre la relation forte entre cet indicateur et la variation sur 3 mois de la production.
Point #4 – L’étrange communication de la Fed
Il faudra attendre le 6 juin et le prochain discours de Janet Yellen pour y voir plus clair sur la politique monétaire de la Fed. L’intervention de Yellen à Harvard était très attendue. Depuis une dizaine de jours la possibilité d’une remontée des taux de la Fed s’est accrue. C’est après la publication des minutes de la réunion d’avril du comité de politique monétaire de la Fed mais aussi dans les propos d’Eric Rosengren (patron de la Fed de Boston) et ceux de Will Dudley (patron de la Fed de New York) que l’opinion a changé. La banque centrale pourrait relever ses taux en juin ou plus probablement en juillet (la réunion de juin est une semaine avant le référendum sur le Brexit). L’intervention de Yellen était attendue pour confirmer ou infirmer ces anticipations. Elle n’a pas pris position. Il s’agissait de la remise d’un prix à la présidente de la Fed et une discussion avec Greg Mankiw. Rien de tranchant n’en est sorti si ce n’est qu’une hausse des taux était possible dans les prochains mois ( voir ici).
Point #5 – Amélioration du marché du travail en France
Il se passe quelque chose de positif sur le marché du travail en France. L’inquiétude des ménages sur l’évolution du chômage est, en mai, au plus bas depuis juin 2008. La crise est effacée.
D’une façon plus générale les ménages perçoivent leur avenir avec beaucoup d’optimisme. L’indicateur synthétique n’a pas été aussi fort depuis octobre 2007. Les nuages qui s’étaient accumulés au-dessus de la tête des ménages se dissipent.
Dans le même temps, les chiffres de Pôle Emploi suggèrent un réel changement de tendance. Le nombre d’inscrits à Pôle Emploi dans les catégories A, B et C diminue. Ce cadre large intègre les gens qui sont à la recherche d’un emploi et qui ont des petits boulots. C’est le concept le plus pertinent en raison de la durée de la crise. Le mouvement n’est pas encore spectaculaire mais suffisant pour confirmer et accentuer le changement de tendance constaté depuis un an.
Cette baisse est cohérente avec la hausse des sorties de Pôle Emploi par défaut d’actualisation. La Dares a indiqué que souvent les gens qui reprenaient un emploi ne prenaient pas le temps d’actualiser leur fiche à Pôle Emploi et de ce fait étaient sortis des statistiques.
Le premier graphe montre la perception des ménages sur le chômage
Le deuxième graphe montre l’évolution, en niveau, des inscrits à Pôle Emploi dans les catégories A, B et C
Le troisième graphe présente l’indice de confiance des ménages
Pour la semaine qui s’ouvre
La révision du PIB français pour le premier trimestre (voir ici)
On aura l’ensemble des enquêtes Markit et ISM pour le mois de mai avec mercredi la composante manufacturière et vendredi la composante services
Jeudi la réunion de la BCE avec les nouvelles prévisions (révision en hausse pour le PIB et l’inflation)Mardi, l’estimation avancée de l’inflation en Zone Euro, en France, en Italie après celle de l’Espagne et de l’Allemagne (lundi)
Vendredi les chiffres de l’emploi US sont attendus ainsi que les ventes de détail en zone Euro pour avril.