5 points à retenir cette semaine pour suivre la conjoncture globale
Point #1 – La demande interne: support fort de l’activité en zone Euro
La croissance du PIB de la zone Euro a été confirmée à 0.6% pour le premier trimestre 2016 (2.2% en taux annualisé). L’acquis pour l’année 2016 à la fin du premier trimestre est de 1.1%. On constate que le graphe ci-dessous une accélération de l’activité depuis la seconde partie de 2014.
L’analyse des contributions indique que la demande interne privée reste encore insuffisante puisqu’elle n’a toujours pas rejoint son niveau d’avant crise alors que c’est le support majeur de l’activité. Cela valide la politique monétaire de la BCE qui souhaite renforcer la demande courante et limiter le transfert de richesse dans le temps. C’est cela l’objectif de la politique monétaire encore aujourd’hui. Tant que la demande interne privée ne sera pas un support plus robuste à la croissance la BCE sera légitime à maintenir une politique de taux 0% ou négatif.
Le point intéressant est la courbe rouge présentant la contribution des dépenses publiques. Après une inflexion au début des années 2010/2011 on observe que la contribution repart légèrement à la hausse. La rigueur, qui voulait limiter la dynamique de la demande publique, a vécu. Le commerce extérieur a une contribution moindre sur une contribution un peu plus négative des importations.
A plus court terme, la décomposition ci-dessous montre effectivement le rebond récent de la demande interne. La consommation des ménages et l’investissement ont une allure robuste. les dépenses publiques ont aussi une contribution significative.
Point #2 – La production industrielle en Europe
En dépit d’un fort rebond en avril, la production industrielle et la production manufacturière dans les différents pays européens ont toujours une allure peu dynamique sauf peut être en Allemagne. C’est notamment le cas de la France où la production manufacturière a bondi de 1.3% mais avec une tendance toujours négative.
Le seul constat à faire est que l’accélération d’avril en Allemagne, Royaume Uni et France va permettre de caler la croissance du deuxième trimestre sur un tempo robuste. C’est moins vrai en Italie et surtout en Espagne car en Avril la production a stagné de l’autre côté des Pyrénées.
Point #3 – Yellen ne s’engage pas sur une remontée imminente des taux de la Fed
Le discours de Janet Yellen ce 6 juin était très attendu (voir ici). Sa lecture ne permet pas d’imaginer une hausse imminente du taux de référence de la Fed. Les taux d’intérêt seront plus élevés dans le futur mais pas immédiatement.
Le propos commence sur une note plutôt positive sur l’évolution de l’économie américaine. Puis progressivement les fragilités et les incertitudes apparaissent, occupant tout le paysage. On perçoit alors que ce n’est pas encore le moment. Quand sera-ce le moment? Janet Yellen se garde bien de donner un repère si ce n’est lorsque l’inflation convergera vers 2%. Cela peut prendre du temps et Yellen indique qu’il n’y a pas d’urgence.
Le point préoccupant dans le discours est que la présidente de la Fed espère la convergence de l’inflation vers 2% en raison de la stabilisation du prix du pétrole et la stabilisation du billet vert. Pour le premier sa contribution négative à l’inflation sera plus réduite avec un prix plus élevé. Pour le second l’appréciation du dollar avait importé de la désinflation. La stabilisation de la monnaie américaine ne sera pas un facteur pénalisant pour converger vers 2%.
En d’autres termes, en dépit d’une politique qui reste accommodante, l’inflation ne dépend en rien de données domestiques selon Yellen. La hausse du taux de salaire pourrait être un facteur de convergence mais pas tout de suite.
Peut on dès lors supposer une quelconque efficacité de la politique monétaire? Comment aussi imaginer qu’en raison de la politique monétaire l’inflation convergera vers 2%.
La Fed est aussi perdue que les autres mais le montre moins.
Point #4 – Le commerce extérieur chinois se stabilise
Au cours des trois derniers mois le commerce extérieur a tendance à se stabiliser. C’est ce que l’on voit pour les exportations qui sur 3 mois ont une évolution stable sur un an.Néanmoins, le chiffre pour mai (lissé sur 3 mois) intègre le rebond de mars qui est venu après les deux premiers mois de l’année toujours un peu confus en raison du nouvel an chinois.
Cependant au regard de l’accélération brutale des importations en provenance de Hong Kong on ne peut exclure qu’il y ait une sur-facturation qui traduise, en fait, des sorties de capitaux.
Point #5 – L’emploi en France s’améliore
Les chiffres de l’emploi du premier trimestre ont été révisés à la hausse.Ce sont désormais 159 600 emplois qui ont été créés dans le secteur marchand entre le premier trimestre 2015 et le premier trimestre 2016.
L’accélération est significative comme on l’observe sur le graphe ci dessous. Cette dynamique de l’emploi est robuste car elle traduit l’amélioration de la demande interne en France mais aussi en zone Euro. Ce dernier point est majeur car les entreprises françaises constatent que la demande plus solide n’est pas qu’un phénomène français. La France est dans une dynamique européenne plus vive ce qui provoque une amélioration des anticipations des chefs d’entreprise relâchant ainsi la contrainte sur l’emploi.
Pour la semaine qui s’ouvre
L’élément clé sera la réunion de la Fed et la conférence de presse qui la clôturera mercredi soir. Pas de hausse de taux attendue en juin ni même en juillet.
On retiendra aussi les données chinois sur l’activité qui seront publiés lundi.
Les deux points importants sur les chiffres seront les ventes de détail US (mardi) et la production industrielle US (mercredi) de mai. Jeudi sera également publié le chiffre d’inflation de mai aux USA. Indice Empire State de la Fed de NY (mercredi)
Pas d’attente particulière lors de la réunion de la Banque d’Angleterre (jeudi) à une semaine du référendum sur le Brexit.
On attend aussi la production industrielle en zone Euro pour avril (mardi), la balance commerciale de la zone Euro (mercredi) et le chiffre final de l’inflation pour mai en Z€ (jeudi)
Au Royaume Uni, l’inflation de mai (mardi), les ventes de détail de mai (jeudi) et l’emploi d’avril (mercredi) seront attendus avec intérêt
Bonne semaine à tous