La BCE a maintenu ses taux d’intérêt de référence mais elle a modifié le programme d’achat d’actifs. Celui-ci, d’un montant mensuel de 80 milliards d’euros, devait s’achever en mars 2017 si les anticipations d’inflation de long terme convergeaient vers 2%. Il est désormais d’un montant mensuel de 60 milliards et est étendu jusqu’en décembre 2017 au moins. Cela pourrait aller au delà si les anticipations d’inflation de long terme n’avaient pas l’allure souhaitée. La BCE pourra acheter des titres dont le taux est inférieur au taux des facilités de dépôts fixé à -0.4%.
L’attitude de la BCE est très simple et facile à comprendre
Elle considère que l’économie de la zone Euro a toujours un biais à la baisse. La croissance plafonne à 1.6% en 2019 et n’a pas les capacités de se caler au delà de ce chiffre. L’inflation tarde à s’accélérer puisqu’elle ne serait, dans les prévisions de la BCE, qu’à 1.7% en 2019 soit bien en dessous de la cible de la BCE.
Ce que souhaite la BCE est de prolonger sans choc la période de soutien à l’économie puisque celle-ci ne présente toujours pas de tensions particulières. La BCE indique clairement que la hausse de l’inflation n’est lié qu’au prix du pétrole et en aucun cas à des tensions au sein de la zone Euro.
C’est pour cela que la question de la fin du QE et de la politique accommodante ne se pose pas. Elle ne veut pas, en outre, créer les conditions d’un choc au sein d’une économie encore fragile.
En d’autres termes, la BCE suggère que la situation n’a pas franchement évolué et qu’il n’était pas question de vouloir aller trop vite dans la modification de la politique monétaire. Tant qu’il n’y aura pas d’éléments de tensions au sein de la zone Euro il n’y aura pas d’annonce de fin de la politique monétaire accommodante.
Draghi indique que la politique budgétaire est insuffisante suggérant implicitement que l’on ne peut pas faire la même analyse que sur les Etats-Unis où la politique budgétaire va être plus agressive avec d’importantes baisses d’impôts. On ne peut pas dupliquer en Europe la situation américaine. Il est bien que Draghi l’ait rappelé.
Le changement tactique de passer de 80 à 60 Mds d’€ d’achats chaque mois traduit à la sortie du risque de déflation et la question technique des titres achetables compte tenu de l’échelle des achats (En outre la BCE se donne aussi les moyens de pouvoir acheter en dessous du taux de facilité de dépôts. Cela accroît la taille des souches disponibles)
Au total c’est plutôt un bon train de mesures qui prend en compte le fait que la zone Euro n’est pas encore sur une trajectoire suffisamment robuste pour provoquer des tensions en son sein. Tant que la BCE reconnaîtra ce point, elle maintiendra une politique accommodante et n’indiquera pas qu’elle a, sur son agenda, la possibilité d’une fin de cette stratégie à un horizon fini