La croissance de l’économie française va s’accélérer en 2017 et 2018. Elle profitera d’un environnement global plus porteur que l’on peut noter par la hausse du commerce mondial depuis quelques mois. Elle bénéficiera aussi d’une situation de la zone Euro telle que l’on ne l’a pas connu depuis longtemps. Le profil de l’activité s’accélère au sein de tous les pays de la zone, même en Italie, et les chefs d’entreprise sont désormais beaucoup plus optimistes qu’il y a encore quelques mois.
La situation de la zone Euro est aussi caractérisée par la neutralité de la politique budgétaire désormais et par une politique monétaire qui restera accommodante encore un bon moment. Cela veut dire que tant que l’inflation restera bien inférieure à l’objectif de 2% fixé par la BCE, celle-ci ne modifiera pas sa politique monétaire. En outre comme il n’est pas anticipé que le prix du pétrole remonte vivement il n’y aura pas d’accélération de l’inflation et de ce fait les taux d’intérêt longs resteront encore à un niveau très bas. Ce cadre favorise la prise de risque et dope l’envie d’investir.
Dans cet environnement plus porteur, deux éléments supplémentaires vont contribuer à accentuer ce mouvement haussier mais aussi à le pérenniser. Il s’agit de l’investissement des entreprises et du marché immobilier.
L’investissement des entreprises a une allure plus robuste depuis quelques mois. Cela s’observe dans les chiffres trimestriels publiés dans les comptes nationaux. Les entreprises ont une perception plus positive, moins incertaine, de leur environnement et de leur capacité à se projeter dans le futur. En d’autres termes, l’environnement aléatoire dans lequel évoluait l’économie de la zone Euro et de la France était un frein à l’investissement. L’incertitude réduit l’horizon économique et inhibe la prise de risque.
Cet environnement a changé en zone Euro et en France notamment parce que les politiques budgétaires sont plus neutres, qu’il n’y a plus cet aléa sur les mesures fiscales qui jusqu’à récemment projetait une ombre sur l’avenir.
De façon plus spécifique à la France, les entreprises ont vu leurs marges s’améliorer via la mise en place du CICE et du pacte de responsabilité. Après 2008, le taux de marge avait chuté beaucoup plus que dans les pays concurrents de la France, fragilisant ainsi la situation des entreprises. Le CICE a permis de rééquilibrer la situation même si le taux de marge n’est pas revenu encore au niveau d’avant 2007.
Au-delà des chiffres français on constate un mouvement haussier De l’investissement dans tous les pays de la zone Euro en phase avec l’amélioration cyclique de la zone.
Cela va engendrer une dynamique collective positive à laquelle la France participera. De manière plus technique, la hausse des commandes de biens d’équipement, constatée par l’INSEE dans les enquêtes qu’elle mène mensuellement, est spectaculaire, revenant à son niveau d’avant crise. Il y a une vrai dynamique qui ne se dément pas même au deuxième trimestre après la fin du suramortissement fiscal. Ce point est très positif indiquant que l’engouement n’est pas lié qu’à un processus fiscal. Celui-ci a pu être utile. Cela l’est moins désormais puisque la croissance s’accélère.
L’autre aspect à souligner est que cet effort bénéficiera aussi de l’investissement public. Le programme du nouveau président français a inscrit la réhabilitation de l’investissement public. Ce point est majeur car, par le passé, cela a été une source d’impulsion et un support fort pour l’investissement privé.
En d’autres termes, la dynamique de l’investissement attendu au cours des prochains mois permettra de tirer la croissance potentielle vers le haut donnant ainsi à l’économie française plus d’autonomie.
L’autre point fort est la reprise du marché immobilier. Le cycle économique plus robuste et les taux d’intérêt toujours très bas et pour encore un bon moment ont permis une accélération à la hausse des permis de construire et des mises en chantier. Ce mouvement devrait se prolonger avec le pérennisation du cycle économique et parce que la BCE n’a aucune intention de modifier sa politique monétaire. L’optimisme des français se lit aussi par la reprise des transactions, notamment sur le neuf. Cela se traduit par un repli des stocks de maisons et d’appartements neufs à vendre.
On peut avoir ainsi toutes les raisons d’attendre une amélioration de ce secteur de l’immobilier : l’horizon économique s’allonge en raison du renforcement à la hausse du cycle économique et de l’emploi, les taux d’intérêt sont bas, les stocks de maisons à vendre se réduisent. Cela devrait permettre une pression à la hausse des prix. Ceux-ci sont encore modérés. Le ratio prix de l’immobilier sur revenu des ménages a eu tendance à se réduire en tendance, même si ce ratio est toujours un peu plus élevé qu’à l’étranger.
Le marché immobilier devrait lui aussi être un support fort pour la croissance française au cours des prochains mois si le gouvernement ne crée pas trop d’aléas sur le secteur.
L’économie française va bénéficier d’une trajectoire de croissance de l’activité et de l’emploi plus élevée. Cela sera nécessaire au nouveau président pour négocier les réformes sur le marché du travail. L’enjeu est de donner à la France la capacité d’une croissance plus autonome mais aussi plus contributrice à la zone Euro.