La dynamique de l’emploi a ralenti au cours des premiers mois de 2018. Après une progression de 0.24% au premier trimestre, l’emploi privé n’a augmenté que de 0.16% au cours du printemps. Ces chiffres sont à comparer à la croissance observée en moyenne tout au long de l’année 2017. Elle était de 0.46%. La croissance de l’emploi a donc été divisée par 2 entre 2017 et le début de 2018.
En nombre d’emplois créés, il était de 88 600 en moyenne par trimestre en 2017, il n’est plus que de 38 500 en moyenne au premier semestre 2018 (31 000 au deuxième trimestre).
Tous les secteurs ralentissent et notamment les services comme le montre le graphe ci après. La construction a aussi une allure plus préoccupante en phase avec le ralentissement des permis de construire.
Le deuxième graphe compare l’allure de l’emploi et du PIB.
Le premier constat, que j’avais déjà fait à plusieurs reprises, est que l’emploi reprend très lentement après la reprise de l’activité (2015 alors que la croissance repart dès 2013). C’est cette asymétrie que les ordonnances de septembre 2017 doivent corriger. Il faut que l’emploi soit plus réactif notamment parce que la croissance potentielle est plus limitée, donc il faut se donner les moyens de réagir plus vite.
L’autre constat est que l’emploi, lorsque la conjoncture est moins porteuse, s’ajuste instantanément. Le ralentissement de l’activité au premier semestre se traduit immédiatement et sans délai par une création beaucoup plus lente de l’emploi. Les ménages commencent à le percevoir. L’enquête de l’INSEE auprès des ménages montre depuis 3 mois un changement d’attitude vis à vis du marché du travail.
Cet ajustement rapide de l’emploi traduit aussi des anticipations pas très positives des chefs d’entreprise. S’ils anticipaient un ralentissement temporaire ils pourraient maintenir un rythme élevé de création d’emplois. Ce n’est pas le cas. Ils ne veulent pas prendre le risque d’un emploi trop important car ils perçoivent que l’activité pourrait être durablement modérée.
Si le commerce mondial ralentit et ne provoque plus d’impulsion sur l’économie française et si l’emploi s’ajuste très vite, alors d’où viendra l’impulsion pour cette économie française alors que les ménages s’interrogent sur l’allure de leur pouvoir d’achat? L’allure de la croissance ne peut qu’être modérée.