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Le gouvernement, par la voix de Bruno Lemaire, a révisé en baisse son objectif de croissance à 1.7% pour 2018 contre 2% prévu en avril dernier. De ce fait le déficit public sera plus proche de 2.6% que de 2.3% prévu en avril.
J’étais invité hier soir sur BFM business par Annie Lemoine et Emmanuel Lechypre pour en parler.
Il y a deux questions posées.
La première porte sur la convergence vers 1.7%. Si je prends la prévision de la Banque de France à 0.4% en T3 alors il faut 0.8% au dernier trimestre pour arriver à 1.7%. C’est possible mais un peu hasardeux car ce chiffre est très élevé. Au cours des 10 dernières années ce chiffre de croissance n’a été atteint que 2 fois.
La deuxième question est celle du scénario sous jacent. Le profil attendu généralement est une explosion des dépenses au dernier trimestre en raison des gains de pouvoir d’achat résultant de la dernière étape de la baisse des charges et de la réduction partielle de la taxe d’habitation. Il y aurait un rattrapage fort après les comportements plus restrictifs observés au premier semestre en conséquence notamment du resserrement fiscal provoqué par la hausse de la CSG non totalement compensée par des baisses de charges pour les salariés. L’hypothèse est faite que le comportement des ménages est symétrique. Ce n’est probablement pas aussi simple car l’inflation est un petit peu plus élevée.
On peut tabler aussi sur une accélération de l’investissement des entreprises. Cette partie du scénario paraît plus difficile encore alors que le commerce mondial ralentit, que nos principaux partenaires commerciaux connaissent une croissance plus réduite et que les commandes de biens d’équipement stagnent. Investir fortement alors que la demande ralentit n’est pas très orthodoxe.
En fait la question de fond est de savoir si la croissance potentielle de la France est de l’ordre de 1.3% (loi de programmation budgétaire 2018-2022) ou si elle est de 1.7% comme le suggère cette même loi de programmation puisque l’économie française serait à 1.7% de croissance moyenne jusqu’en 2022. En d’autres termes, la croissance française serait capable, sans engendrer de tensions, d’être au dessus de son potentiel de façon permanente (sic)
Si la croissance potentielle est plus proche de 1.3% que de 1.7% alors le point haut du cycle est passé et l’on va converger vers celle ci. J’attends une croissance de 1.5% cette année et 1.4% l’an prochain.