Les mesures présentées par le président Macron doivent permettre, à court terme, le retour de la paix sociale. Cependant, cela ne pourra se faire dans la durée que si le débat permet de créer un consensus sur le cap à tenir à moyen et long terme. Le président a un rôle majeur sur ce point mais aussi tous les corps sociaux qui devront contribuer à définir cet objectif commun.
Le président Macron est intervenu dans le but de calmer la fièvre sociale qui agite la France depuis quelques semaines. Il a annoncé 4 mesures dont l’objet est d’accroître le pouvoir d’achat des revenus les plus faibles.
Le Smic sera augmenté de 100 euros dès le mois de janvier sans qu’il en coûte un euro supplémentaire aux entreprises donc au-delà de la hausse mécanique de ce salaire de référence, les heures supplémentaires ne sont plus soumises à charges et à impôts, la hausse de la CSG pour les pensions de moins de 2000€ par mois est annulée et enfin une prime de fin d’année sans impôts ni charges pourra être versée aux salariés.
Ces mesures plus la suppression des taxes sur l’essence prise la semaine dernière devraient avoir un coût de 14 à 15 milliards.
Les annonces ont été faites sans que leur financement ne soit éclairci.
On peut faire 4 remarques
1 – Il fallait agir rapidement pour tenter de désamorcer la crise sociale et éviter un emballement supplémentaire.
Ces mesures devraient le permettre même si chacune peut être critiquée quant à son efficacité à moyen terme.
Cette première étape était nécessaire
2 – Il faut que ces mesures s’inscrivent clairement dans un cap qui reste à définir. Le président a parlé d’un grand débat économique et de société. Celui-ci doit permettre de fixer des objectifs qui devront faire consensus. Le président n’a pas voulu s’engager au delà même s’il a rappelé les objectifs qu’il s’était fixé.
On touche ici un sujet complexe car le président s’est engagé à réduire les dépenses, ce qui reste à faire, mais les revendications sociales portent sur la nécessité de plus de services publiques et donc davantage de dépenses.
Le débat devra s’engager mais il faudra qu’il soit conclusif alors que les attentes et les moyens apparaissent contradictoires entre les différents intervenants. Cette étape est essentielle afin d’infléchir dans la durée les anticipations et éviter un retour de l’agitation sociale.
3 – Cette deuxième étape est nécessaire pour éviter de retomber dans les travers du passé. En effet des mesures du type de celles annoncées ont souvent été mises en oeuvre lors de tensions sociales. Mais comme il n’y avait pas de changements à moyen terme, le coût de ces mesures étaient totalement prises en charge par l’impôt. Cette mécanique a participé à cette hausse systématique et conjointe des dépenses et des prélèvements. On paie ces errements. Le président s’est engagé à y mettre fin, dont acte.
4 – Le président veut appliquer son programme mais les partenaires sociaux savent maintenant que le programme qui était réputé indiscutable peut être discuté. En terme de crédibilité cela change la donne. Si la deuxième étape est menée à bien alors le changement de crédibilité renforcera le gouvernement et le président. Dans ce cas on parlera de faire de la politique autrement, sinon on reviendra dans les travers habituels avec une perte de crédibilité durable.
L’enjeu des prochaines semaines est donc déterminant mais peut déceler de bonnes surprises. Les cartes sont à l’Elysée.