Baltic Dry Index et Commerce Mondial, Coronavirus, Emploi américain, Business Surveys et Commandes allemandes – A venir cette semaine (Fev3-Fev9) – Brexit, PIB US et en zone Euro – Que retenir de la semaine dernière
Les points marquants
Le commerce mondial est menacé par le Coronavirus
Les mesures quotidiennes (Baltic Dry Index) de la dynamique du commerce mondial sont à la baisse. Cela reflète l’impact du coronavirus conduisant à un arrêt brutal des échanges. Les perspectives économiques mondiales sont menacées.
Une source de préoccupation est l’absence d’aide des États-Unis. La Maison Blanche ne veut pas reporter l’accord commercial et elle espère que l’épidémie encouragera les entreprises américaines à rapatrier leur activité aux États-Unis. C’est un nouveau côté de la guerre commerciale.
Indices mondiaux ISM et Eurozone Markit (5 février) Des données récentes suggèrent qu’une stabilisation est proche. Cela commencera par les indices du secteur manufacturier (comme le montre l’ISM). Mais les risques sont toujours à la baisse car l’investissement des entreprises est faible partout, ce qui montre que personne n’est en mesure de réduire l’incertitude.
Productivité aux États-Unis pour le quatrième trimestre (6 février)
La tendance de la productivité aux États-Unis est la plus faible depuis la Seconde Guerre mondiale. Cette faiblesse explique la faible progression du PIB. L’immigration étant limitée aujourd’hui et probablement à l’avenir, la capacité de croissance de l’économie américaine est plus faible que par le passé (la croissance est la productivité plus l’emploi)
Rapport sur l’emploi pour janvier aux États-Unis (7 février)
Les données sur l’emploi resteront solides à court terme, mais cela ne fera pas grimper les salaires. Cela permettra à la Fed de baisser son taux si nécessaire
Commerce extérieur américain pour décembre et pour toute l’année (5 février)
La récente amélioration est venue de la contraction rapide et profonde des importations américaines. Durant les 3 derniers mois, la chute des importations en volume et hors pétrole a été de -18.8% en taux annuel. C’est énorme
Commandes industrielles allemandes pour décembre (6 février) et commerce extérieur et production industrielle (7)
La baisse des 12 derniers mois des commandes industrielles est probablement terminée. Le fort rebond de l’indice des nouvelles commandes Markit est une bonne nouvelle à cet égard.
Autres statistiques: Ventes au détail dans la zone euro pour décembre (5 février), indices de production industrielle en France et en Espagne (7). Emploi français pour le 4ème trimestre (7 février), commerce extérieur chinois pour janvier (7). Ce dernier montrera comment le commerce chinois a été affecté par l’épidémie.
Que retenir de la semaine écoulée ?
Le Brexit c’est fait
La principale question après le lancement du Brexit, vendredi dernier, est de savoir comment les choses vont changer et à quelle vitesse. Dans un récent article sur mon blog, j’ai dit que la polarisation politique était le point le plus important.
Il suggère ainsi que dans une société hétérogène, les décisions économiques dépendront principalement des choix politiques. Cela signifie que les choix les plus rationnels sont nécessairement ceux qui seront faits.
Cela signifie également que des excès sera probablement observé dans les semaines et les mois à venir. Le fort soutien politique du Brexit peut conduire certains Brexiters à anticiper ce qu’ils attendent après la sortie effective et définitive de fin d’année. Pour l’instant, c’est juste anecdotique comme Guernesey qui n’autorise pas les bateaux français dans son périmètre de pêche.
L’ouverture des négociations a montré que Michel Barnier pour la Commission européenne et Boris Johnson ne partagent pas la même vision de ce que pourrait être l’accord qui doit être signé à la fin de l’année. D’un côté, Michel Barnier souhaite que le Royaume-Uni respecte les règles d’accès au marché unique, règles rejetées par Boris Johnson. Il est trop tôt pour se prononcer sur cette négociation mais un désaccord dans la durée permettrait à de nombreux Brexiters d’anticiper un divorce sans accord. Dans ce cas, le véritable Brexit commencerait avant la fin de l’année. La transition en douceur n’existera plus et le Brexit sera un Brexit dur.
Sur le coronavirus
Deux problèmes ici: l’un est associé au risque sur la dynamique du commerce mondial comme le montre le Baltic Dry Index. L’autre point est la réaction de la banque centrale chinoise pour limiter les risques sur l’économie et sur les marchés financiers. La Pobc a ajouté d’énormes quantités de liquidités (USD 175 milliards) et a baissé son taux directeur de 10 pb. Dans le même temps, le gouvernement chinois essaie de contenir l’épidémie.
La croissance du PIB américain n’a été que de 2,1% au quatrième trimestre (taux annuel) et de 2,3% pour l’ensemble de l’année (vs 2,9% en 2018)
La contribution de la demande intérieure est plus faible à 1,7% (vs 2,3% au T3 et 3,7% au T2. Les dépenses de consommation ont connu un ralentissement mais la principale source d’inquiétude est l’investissement non résidentiel qui est désormais en baisse pour le troisième trimestre consécutif.
Après la relance budgétaire en 2018 qui a poussé l’activité économique à la hausse, la demande intérieure converge désormais vers une trajectoire basse, la forte incertitude contraignant les comportements. Une large part de cette incertitude provient de la politique commerciale américaine et de ses conséquences. L’épidémie récente en rajoute et pourrait pousser l’économie sur un profil plus bas. L’acquis de croissance àpour 2020 à la fin de 2019 à 0.8% est comparable à celui de l’an dernier.
PIB de la zone euro: faible presque partout, même en Espagne
La croissance de la zone euro n’était que de 0,4% au quatrième trimestre (au taux annuel) et sera de 1,2% pour 2019, elle était de -0,33% en France (1,2% en 2019); -1,35% en Italie (0,2% en 2019) et + 2,1% en Espagne (2% pour 2019).
Mais en Espagne, la principale contribution est le commerce extérieur avec des exportations positives mais des importations en fort repli. Dans le même temps, les dépenses de consommation sont tombées à 0 et l’investissement a été négatif. La contribution à la demande intérieure a été négative. Ceci n’a rien d’enthousiasmant.
En France, la demande intérieure a été plus faible avec le ralentissement des investissements. Le chiffre global a été négatif car la contribution des stocks a été fortement négative (face à l’incertitude locale et au ralentissement des principaux partenaires commerciaux de la France, les entreprises sont devenues plus prudentes à la fin de l’année). Cela signifie qu’un rebond est attendu au premier trimestre. Néanmoins, la croissance pour 2020 sera probablement inférieure à 1% alors que les attentes du gouvernement sont à 1,3%. Cela aura un coût sur le budget (7 milliards d’euros)
Le document détaillé , en anglais, est disponible ici