La décision de Donald Trump de ne plus autoriser l’arrivée des européens, hors britanniques, pour les 30 prochains jours appelle plusieurs remarques:
La première est que les européens ne sont plus perçus comme des alliés. La Maison Blanche ne considère plus que l’Europe et les Etats-Unis puissent être liés par un destin, une dynamique et des objectifs communs.
Depuis le début de son mandat, le locataire de la Maison Blanche rechigne à voir les USA maintenir leur rôle au sein de l’OTAN. L’épidémie semble être une opportunité pour dissocier encore un peu plus les deux destins.
Si la Maison Blanche rejette l’Europe, est ce que les européens vont avoir une réponse commune face à la décision de Trump ? On peut l’espérer mais les USA ne sont pas les britanniques. La belle unité dont bénéficie Michel Barnier dans sa négociation avec le Royaume Uni a peu de chance d’exister. Les Etats-Unis ont toujours un statut particulier pour nombre de pays. La décision américaine n’est elle pas un coin dans l’unité européenne ? Si sûrement.
Les britanniques ne sont plus potentiellement dans l’UE ce qui leur donne un statut spécial. En outre, il y a toujours la possibilité de faire du Royaume Uni un poste avancé des USA en Europe.
La deuxième conséquence est que l’on ne peut plus attendre une solution coordonnée et coopérative à l’échelle globale. La politique unilatérale de Trump ne permet pas de l’envisager.
De ce point de vue, la situation ne ressemble en rien à celle de 2008/2009. A l’époque, la mise en place d’une stratégie commune avait été au cœur des préoccupations de tous les gouvernements. La réunion du G20 à Londres en avril 2009 avait permis la mise en place de plans de grande ampleur. Les banques centrales apportaient la liquidité et réduisaient les contraintes financières alors que les gouvernements relançaient l’activité avec des plans de grande ampleur.
Aujourd’hui, si les banques centrales sont toujours actives et restent plutôt coordonnées, leurs marges de manœuvre sont très faibles. La mise en place d’un plan budgétaire coordonné aurait alors du sens. Mais la Maison Blanche n’en veut pas. Chacun va se débrouiller de façon sous-optimale.
Le risque est alors d’avoir une crise plus longue et avec des conséquences plus durables. Cette absence de volonté pour coordonner les réponses dans un temps de crise remet en cause voire inverse la dynamique qui était à l’œuvre depuis plusieurs décennies. La forme de la globalisation est remise en cause mais cela ne préjuge en rien de la forme qu’aura l’économie mondiale dans le futur. On ne reviendra jamais à ce que l’on connaissait dans le passé.
La décision de la Maison Blanche implique qu’à une crise globale il ne puisse pas y avoir de réponse globale et coordonnée. C’est la pire des situations.