L’économie US présente tous les symptômes d’une récession profonde et plus violente que celle observée après Lehman. Le choc est brutal, un coup d’arrêt comme jamais.
Les chiffres américains commencent à signaler le repli sévère de l’activité. On sait déjà, via les données hebdomadaires sur le marché du travail, que l’économie est en récession.
On dispose depuis aujourd’hui des chiffres sur la production industrielle en mars, les ventes de détail en mars également et de l’enquête de la Fed de New York dans le secteur manufacturier pour avril.
Production industrielle: début de l’ajustement
En mars la production industrielle a reculé de -5.4% par rapport à février et la production manufacturière de -6.3%. Dans l’un et l’autre cas c’est la plus forte baisse mensuelle de l’indice. Pour la production industrielle, la série démarre en 1950 et pour la série manufacturière en 1972.
Ce qui nous intéresse c’est que l’ajustement est loin d’être achevé. L’arrêt de la production observé est très limité au regard de l’ajustement constaté sur le marché du travail au travers des données hebdomadaires.
Le graphique suivant est pertinent en ayant à l’esprit que les données hebdomadaires sur les inscrits au chômage sont compatibles avec un taux de chômage de 11% avec les indicateurs s’achevant le 28 mars. On disposera demain, 16 avril, des données du 4 avril sur les inscriptions en continu et ne doutons pas au regard des 6.6 millions de personnes qui se sont inscrites la semaine dernière que le chiffre du taux de chômage de 11% sera pulvérisé. Le chiffre pourrait être cohérent avec un taux de chômage voisin de 20%. Les excès de capacité pourraient alors être de 40 à 50%, peut être plus.
La baisse des ventes de détail reflètent le confinement
Les ventes de détail ont reculé de -8.7% en mars par rapport à février. Cependant, les postes les plus touchés sont les ventes auto, l’essence (dont le prix baisse mais dont la demande est moindre du fait du confinement) et la restauration. Si l’on ôte ces 3 postes alors les dépenses augmentent de 1.9%. Ces 3 postes sont ceux que l’on réduit dans les périodes de confinement. On ne se sert plus de sa voiture, donc les achats d’essence diminuent et l’on ne peut plus aller au restaurant. En revanche on fait des réserves de nourriture. D’ailleurs l’indicateur de contrôle qui sert de repère dans la construction de la série de consommation dans les comptes nationaux est en progression de 1.7% sur le mois (cet indicateur de contrôle est l’ensemble hors alimentaire moins auto, essence et matériaux de construction).
On voit sur le graphe que les produits alimentaires ont tiré les dépenses nettement à la hausse (+25% sur le mois, il faut faire des réserves) alors que l’habillement n’était plus perçu comme un bien à acheter d’urgence. Il y avait d’autres priorités.
L’indice de la Fed de New York
L’indicateur est à son plus bas historique. Son niveau en avril est nettement plus bas que celui qui avait été constaté en février 2009. L’indice publié était ainsi de -78.2 contre -34.3 en février 2009.
Si l’on construit un indice de la Fed de NY avec les mêmes caractéristiques que l’ISM manufacturier, celui-ci est au plus bas et est cohérent avec un indice ISM autour de 35 en avril.