Dans un rapport publié le 30 août, le think-tank Ember présente de façon spectaculaire la réduction de l’utilisation des énergies fossiles dans la production d’électricité au sein de l’Union Européenne. Il relève surtout la hausse marquée du solaire et de l’éolien pour compenser ce repli.
Le rapport porte sur la période allant de janvier à juin 2023. On peut refaire la même analyse en intégrant le mois de juillet 2023. L’arbitrage est alors encore plus frappant et étonnant.
Le graphique ci-dessous présente les sources de production d’électricité de janvier à juillet 2023 par rapport à la même période de 2022.
Sur la période, la demande a reculé de 71 terawattheures. L’ajustement s’est fait par une réduction massive de l’utilisation des énergies fossiles, charbon et gaz, moins 104 TWh pour les deux, et par la réduction de la production nucléaire d’électricité en phase avec l’arrêt des centrales nucléaires en Allemagne. Le recul des énergies fossiles et du nucléaire a été bien plus important que le repli de la demande. L’écart provient d’une production supplémentaire d’électricité à partir du solaire, de l’éolien et de l’hydraulique.
Ce basculement vers les énergies renouvelables est encore plus marqué si l’on se réfère à 2019 avant la pandémie. Sur la période, la demande se réduit de 114 terawattheures mais la baisse des énergies traditionnelles (-217 TWH pour le fossile et le nucléaire) est remarquable. La hausse du solaire et de l’éolien est, elle, exceptionnelle. En combinant les deux sources, la hausse est de 119 TWh.
Dans l’Union Européenne, l’ajustement dans la production d’énergie s’opère par la hausse du renouvelable et par une réduction massive dans l’utilisation des énergies traditionnelles. La tendance récente sur 2023 accentue un mouvement qui était déjà observable.
Le point intéressant est que de 2015 à 2023, la demande d’électricité se replie. Elle progressait jusqu’à la pandémie mais depuis elle est en retrait. Le rebond de 2021 n’avait pas compensé la baisse constatée pendant la crise sanitaire. Le recul de 2022 puis et surtout de 2023 marque un changement de perception de l’énergie, de son utilité et de son coût. Cela se traduit donc par un comportement plus économe que ce soit chez le particulier et chez l’entreprise. L’énergie devient un bien qu’il faut économiser et cela est fait d’autant plus facilement que le coût est plus élevé et est anticipé comme devant rester élevé du fait de la transition énergétique.
La conclusion des européens face à ce nouveau cadre énergétique est de miser sur le renouvelable. C’est remarquable ce n’est pas partout pareil.
Les efforts ne sont pas les mêmes selon les pays et la moyenne cache une forte dispersion. Dans les pays nordiques les efforts sont importants pour basculer vers le renouvelable. L’Espagne et la France ne sont pas en reste.
L’Europe s’adapte à des conditions qui changent. L’écart dans la répartition de la production entre les deux types d’énergies s’est estompé depuis le début de l’année 2023. Le changement a toutes les chances d’être permanent.