Le monde est désormais naturellement multilatéral car les deux grandes puissances que sont la Chine et les Etats-Unis n’ont plus les moyens économiques et les capacités militaires qu’avaient les USA et l’URSS du temps de la guerre froide.
En outre, les autres puissances ont gagné en maturité et ne veulent pas systématiquement choisir entre l’un ou l’autre leader comme c’était le cas dans les années 1960 par exemple.
Ainsi l’Allemagne veut-elle conserver des liens forts avec la Chine pour des raisons économiques tout en restant un support politique majeur pour les américains en Europe.
L’Inde, qui n’a pas voté les sanctions contre la Russie, ne veut pas aliéner ses relations avec les US en s’alignant sur la Chine. Les Indiens ne veulent pas se définir par rapport à la Chine même s’ils partagent des options communes. C’était le message de Narendra Modi lors du sommet des Brics à Johannesburg durant lequel XI Jinping indiquait vouloir faire de ce groupe, son fer de lance.
C’est ce monde plus complexe qui se dessine. Deux leaders mais aussi de nombreuses puissances moyennes dont les options économiques et/ou politiques ne sont pas conditionnées exclusivement par leurs rapports avec ces deux pays.
Ces puissances moyennes ont compris qu’en s’alliant de façon trop direct avec un des leaders elles perdaient leur capacité d’autonomie. C’est la grande leçon de la pandémie, de la crise énergétique et des tensions internationales récentes
Cependant, cette réponse n’apparait pas satisfaisante car d’une certaine manière elle fait l’hypothèse que l’économique et le politique font jeu égal dans les choix faits. Certes, l’invasion de l’Ukraine a coupé le monde en deux blocs sans empêcher chaque membre de ces groupes de faire d’autres choix sur d’autres questions.
Le conflit entre le Hamas et Israël va, une nouvelle fois, obliger chaque pays à se définir alors qu’Américains et Chinois ont sur ce point des vues antagonistes. Et au Moyen-Orient, les équilibres bougent très vite. Le rapprochement entre l’Arabie Saoudite et l’Iran s’est fait sous l’égide de la Chine et au détriment des USA.
Le risque de multiplication des conflits ne va-t-il pas redonner au politique la prééminence sur l’économique et faire revenir le monde dans un cadre bipolaire pour des raisons de sécurité ?
(Suite le 18 octobre)