Quelques jours avant l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, le sentiment partagé par tous est que l’équilibre international va être bouleversé.
La dynamique globale a longtemps reposé sur des règles et des réponses communes par l’ensemble des pays participant à la définition de cet équilibre mondial. Bien sûr, la Russie, la Turquie, la Chine et quelques autres ne respectaient pas toutes les consignes. Mais la stabilité traduisait la volonté des pays occidentaux de continuer à jouer le jeu.
Le risque avec l’arrivée de Trump à Washington est que les Etats-Unis sortent du cadre défini depuis longtemps. Dès lors, manquant d’ancrage, le schéma global pourrait tanguer fortement.
- Le cadre à définir traduira des enjeux très divers.
- Le premier, exacerbé avec le retour de Donald Trump à la présidence, est la mise en avant du rapport de force dans la négociation. Cela est déjà perceptible à l’annonce dés velléités de prise de pouvoir de Washington sur le Canada, le Groenland et le canal de Panama.
- Le deuxième enjeu porte sur le climat au moment où la température moyenne du globe a dépassé, en 2024 à 1.6C au- dessus de la moyenne préindustrielle. Des mesures doivent être prises collectivement pour y faire face.
- La troisième dimension est le basculement vers un ordre politique plus autoritaire et une critique de l’ordre libéral.
Revenons en arrière sur le mode de fonctionnement de cet équilibre international, celui qui a plutôt bien fonctionné pendant des décennies. Selon G. John Ikenberry, professeur à Princeton, les règles du monde libéral ont été défini autour de 4 éléments spécifiques
- Les échanges commerciaux et le libre échange sont mutuellement bénéfiques, favorisant la prospérité économique.
- Les institutions favorisent la coopération et le règlement pacifique des conflits.
- L’interdépendance entre les pays favorise la coopération et en renforce les bénéfices.
- La démocratie libérale est adaptée à la coopération grâce a un système politique capable de s’adapter rapidement.
Ce cadre Wilsonien, pour favoriser la prospérité, a été très dépendant des institutions supranationales mises en place comme l’ONU, le FMI ou encore l’OTAN.
Cet ordre international n’est pas exempt d’erreurs ou de dysfonctionnements. La chute de l’URSS avait ainsi donné aux USA un sentiment de toute puissance mais ceux-ci se sont englués dans la guerre contre l’Irak ou ont pensé que la Chine deviendrait démocratique avec l’intensité des échanges et la hausse de la richesse individuelle.
Pour la suite, Ikenberry dessine un monde à 3 pôles. Les pays occidentaux avec les US, l’Europe, le Japon l’Australie et la Nouvelle Zélande, un groupe à l’Est avec la Russie et la Chine et le Sud global mené par l’Inde et le Brésil. Je reviendrai très vite sur cette approche car elle est à la fois fascinante mais aussi très discutable.
Source: Chaire Grands enjeux stratégiques contemporains G.John Ikenberry Lien https://bit.ly/3DTF2Q8