La réflexion sur ce que doit être un macroéconomiste aujourd’hui continue. La macroéconomie de demain sera conditionnée par la nécessité de converger vers la neutralité carbone. C’est la seule hypothèse raisonnable qui indique que le monde n’émettra plus de carbone afin de ne plus alimenter l’effet de serre pour nourrir le réchauffement climatique.
Ne rien faire est aussi une option mais alors, avec la température qui progresserait vers 3 degrés au dessus de la moyenne préindustrielle, les conséquences sur la population, la production agricole et le reste seraient difficilement soutenables.
Concentrons-nous sur la neutralité car le chemin à parcourir est encore très long et très chaotique.
Plusieurs remarques
1- La philosophie de l’économie change. Elle n’est plus portée par l’échanges et l’enrichissement mais par la prise de conscience que les ressources sont finies.
2- Le monde s’était organisé autour des énergies fossiles, il faudra s’en défaire et apprendre à fonctionner avec un système énergétique moins efficace. L’enjeu est de taille car la consommation des énergies fossiles, pétrole, gaz et charbon devra être réduite de 70 à 80%.
3- L’énergie nucléaire sera insuffisante pour compenser. Elle représente 5% de la consommation d’énergie primaire. Il faudra recourir aux énergies renouvelables.
4- Si les exploitants d’énergies fossiles sont connus et implantés, ce n’est pas encore le cas pour de nombreuses matières premières. Cela se traduira par des courses à l’exploitation et un renouvellement de la géopolitique des matières premières.
En posant ces éléments, on rentre rapidement dans une logique non coopérative et du rapport de force. On sort de la logique de l’échange pour rentrer dans l’appropriation des ressources. Ceci entre alors en contradiction avec la convergence vers un point dans le futur dont l’atteinte devrait traduire un comportement coopératif. Pour l’économiste, cela est une forme de schéma impossible.
Cela suggère qu’il ne pourra pas y avoir de transition douce et sans rupture. C’est pour cela que la taxe carbone est un outil nécessaire mais insuffisant. La taxe carbone fait l’hypothèse qu’elle sera suffisamment contraignante pour altérer durablement les comportements notamment dans la consommation d’énergies fossiles mais que des mécanismes redistributifs puissants permettront d’en limiter l’impact sur la demande globale. Ce ne sera pas suffisant.
S’il y a des ruptures, elles peuvent provenir de différentes sources
1- Des conséquences de la nouvelle géopolitique des matières premières
2- Des comportements moins coopératifs des États dans un monde perçu comme fini. L’Etat devient enfin stratège alors qu’il sait que c’est moins efficace.
3- Les processus de production traduisent une forme de coordination entre les différentes étapes de la production. Ce mécanisme sera altéré, notamment en raison des deux points précédents.
A suivre demain dans « Être macroéconomiste aujourd’hui La suite 2 »…..