La géopolitique a pris un véritable tournant lors de la réunion de Ryad entre Américains et Russes.
D’un seul coup, la Russie réintègre le concert des nations et retrouve un statut respectable. Ce changement radical isole un peu plus l’Europe qui ne peut plus compter sur les Etats-Unis comme alliés. C’est un retournement complet du schéma mis en place après la seconde guerre mondiale. A l’époque, l’URSS et les Etats-Unis défendaient deux visions du monde antagonistes. L’Europe avait elle-même été partagée entre les deux puissances et le monde des Européens s’est construit sur cette figure.
Poutine avait été mis au ban des occidentaux après l’invasion de l’Ukraine le 24 février 2022. Les sanctions avaient été votées par les USA et l’Europe mais rejetées par la Chine et l’Inde. Deux constructions politiques se sont affrontées. L’Inde et la Chine ont permis à la Russie de poursuivre l’effort de guerre en ne bannissant pas les achats de pétrole russe notamment.
L’équilibre précaire qui en a résulté n’était pas le meilleur car à aucun moment il ne créait les conditions d’une solution au conflit ukrainien.
Avec l’arrivé de Donald Trump à la Maison Blanche, les règles du jeu sont remises en cause. Selon Washington, un pays peut vouloir en annexer un autre selon son bon-vouloir. Le Canada, le Groenland, le canal de Panama ou plus récemment la bande de Gaza pourraient en faire l’amère expérience. Cela validerait ainsi le choix de la Russie sur l’Ukraine.
Avec Trump, les relations internationales ne peuvent se comprendre que sous le prisme du rapport de force. C’est pour cela qu’il comprend mal la construction européenne basée sur la coopération et la coordination. C’est une des raisons des récents messages violents envoyés aux citoyens et aux gouvernements européens. Ils devraient pouvoir créer des failles dans le solidarité européenne déjà malmenée par des gouvernements européens qui se positionnent proches de Trump et/ou de Poutine.
Les Etats-Unis, la Chine et la Russie ressortent alors comme trois grandes puissance alors que l’Europe apparaît désemparée.
Pour l’économiste, le modèle change. Pendant toute la période depuis le milieu des années 1980, les chocs étaient économiques et pouvaient se résoudre par une action coordonnée des banques centrales et des gouvernements. C’était l’intérêt collectif et était en conséquence facile à appréhender pour les économistes.
Un monde de rapport de force est beaucoup plus hétérogène dans ses comportements et dans ses fonctions de réaction. Les choix ne résultent plus d’un calcul d’optimisation mais de paramètres spécifiques à chaque gouvernement. L’incertitude devra être appréhendée différemment. Le talent des économistes portera sur la hiérarchisation et la gestion de ces incertitudes. Leur capacité à raisonner sur l’incertitude devra engendrer l’action parce qu’il faut que l’économie reparte pour éviter une emprise trop forte du politique.