« Les ambitions politiques de l’administration Trump pour l’Europe signifient que, pour l’instant, l’Amérique est aussi un adversaire » C’est la conclusion de Gideon Rachman dans le Financial Times après le discours de Munich du vice-président américain JD Vance.
Le rapprochement avec Vladimir Poutine, la solution posée pour la guerre en Ukraine, le rapprochement politique avec des partis extrémistes d’Europe généralement peu favorables aux institutions européennes et l’annonce de la mise en place d’une taxe de 25% sur les importations américaines de produits européens sont pris ensemble des signaux forts d’un changement radical de la position de Washington.
Des tensions entre les deux régions ont existé par la passé mais jamais il n’y avait eu un tel détournement d’intérêt pour le sort des européens. L’Europe ne s’est pas construite sur une dynamique du rapport de force et cela n’est pas dans la logique de la nouvelle administration US. Pour elle, il faut pouvoir faire pression pour que le plus fort obtienne ce qu’il souhaite. Dès lors pour Washington, la coopération et la coordination qui sont les outils de la construction européenne, sont contre nature. D’ailleurs cela traduit aussi le soutien aux partis extrêmes qui sont généralement hostiles aux institutions qui ont fait l’Europe.
En conséquence, si l’Amérique est désormais un adversaire, les dirigeants européens doivent s’interroger sur ce qu’ils doivent faire pour se protéger et disposer d’une plus grande autonomie. L’objectif ne doit plus être de donner satisfaction à Washington mais de se préparer au pire, à une situation inédite dans laquelle l’Europe devra faire des choix qui lui permettront de se définir et de se caler sur une trajectoire.
Pour cela il y a deux dimensions
La première est interne, la seconde est le positionnement de l’Europe vis-à-vis du reste du monde.
Les choix internes vont être déterminants car le modèle qui devra être mis en place sera d’une nature très différente de celui mis en place au fil des années depuis les annnees 1950.
Un premier aspect est celui du renforcement des dépenses militaires. C’est le sujet brûlant du moment car il faut faire machine arrière. Depuis la chute du mur de Berlin, le poids dans les dépenses militaires a baissé. Ce sont les dividendes de la paix. Le monde après 1989 n’était plus celui de l’affrontement de la guerre froide et l’OTAN protégeait les Européens;
La guerre en Ukraine et les déclarations américaines récentes remettent en question ces hypothèses.
Le Royaume Uni a déjà annoncé une cible de dépenses militaires à 2.5% du PIB. Les pays baltes et scandinaves sont en alerte.
La dette publique, déjà de 81.6% du PIB au 3ème trimestre 2024, indique que les marges de manœuvre sont réduites. Dès lors, comment dépenser davantage pour le militaire et comment arbitrer par rapport aux autres dépenses, sociales, régaliennes et climatiques ?
À suivre demain…