Dans ce monde un peu fou fait d’annonces tonitruantes et de contre-annonces aussi spectaculaires, d’humiliation et de mépris pour l’Europe, on aurait pu imaginer une forme de tourbillon des marchés financiers. Il n’en est rien.
Les marchés fluctuent parfois fortement mais ils ne connaissent pas de rupture. Le repli de plus de 9%, au 7 mars, du Nasdaq depuis le plus haut du 18 février n’est pas une situation qui coupe le souffle obligeant à prendre des mesures sous la pression.
Du côté des taux d’intérêt, le 10 ans américain fluctue autour d’une tendance horizontale un peu supérieure à 4%.
Ce cadre est certainement en train de changer. L’enthousiasme d’après l’élection s’atténue notamment sur les actions de la tech. Le Nasdaq perdait 4% en clôture ce lundi soir. Et puis le président Trump n’écarte pas la possibilité d’une récession qui semble paraître un préalable avant le retour de la grande Amérique. Pour les investisseurs, une récession n’est jamais neutre. Elle crée forcément des ajustements et des arbitrages qu’il faut peut être anticiper dès maintenant.
La nervosité récente des marchés a été observé aussi en Europe. Le taux du 10 ans allemand a bondi lors de l’annonce du plan de 500 milliards du probable nouveau chancelier allemand. Les besoins de financement du gouvernement d’outre-Rhin vont bondir et les investisseurs en Europe deviennent plus prudents.
On voit aussi le taux du 2 ans européen se redresser depuis la réunion de la BCE du 6 mars. Les anticipations d’un arrêt prématuré de la baisse des taux de la BCE se renforcent donc.
Tout ceci est générateur de volatilité très marquée des indicateurs financiers. On a un peu l’impression que la dynamique des marchés retrouve une forme de cohérence avec l’incertitude qui entoure la politique économique et les choix politiques à venir.
Mais une crise financière est elle probable?
C’est une question majeure face et une réponse possible face aux désordres du monde.
Le monde a vécu conditionnellement au dollar et aux actifs US depuis près de 80 ans. Et cela a été un facteur de stabilité pour l’économie mondiale.
Si sous l’impulsion de Trump, les mesures prises accentuent encore l’isolationnisme américain, le billet vert peut il être encore au centre du jeu ? Sûrement pas.
Parce que le système de financement des grandes régions du monde devra être plus autonome. Cela recouvre la discussion européenne sur la « Saving and Investment Union » qui élargit le concept d’Union des Marchés de Capitaux.
Les Européens et les Chinois et tous les autres devront trouver une ou des alternatives aux actifs américains en cohérence avec l’isolationnisme souhaité aux USA.
Une telle transition, reposant à la fois sur l’incertitude du monde qui se dessine et la certitude que le monde ancien ne reviendra pas, voit sa probabilité s’accroître. La vitesse et la brutalité de la rupture est à chercher dans le bureau ovale avec les décisions imprévisibles qui y sont prises.