L’annonce faite par Donald Trump sur les droits de douane a fait l’effet d’une bombe. Il faut réduire à tout pris le déficit commercial des Etats-Unis.
Il y a quatre dimensions dans l’analyse du commerce extérieur d’un pays. Une vision limitée à l’ampleur du déficit est trop restrictive et ne reflète pas l’intérêt de l’échange entre deux pays.
Les trois premières dimensions traduisent la dynamique des échanges. La quatrième est macroéconomique.
La première dimension, mise en avant par Ricardo en 1817, est celle des avantages comparatifs. Un pays donné peut fabriquer deux biens (pour simplifier) mais il est souvent plus efficace qu’il se spécialise dans le bien pour lequel il est le plus efficient laissant à un autre pays la fabrication du second bien. Ricardo et d’autres après lui montrent qu’un tel système est plus efficace globalement.
Prenons un exemple
Les USA construisent des avions. Ils ont besoin d’acier. Doivent ils produire les avions et l’acier ou se spécialiser sur les avions et importer de l’acier. Cette dernière combinaison est la plus efficace. Mais cela veut dire que les Etats-Unis auront un déficit sur l’acier avec l’autre pays et un surplus sur les avions qui y seront vendus. Les deux chiffres ne s’élimineront pas forcément. Il est donc inefficace de vouloir à tout prix être à l’équilibre sur les échanges bilatéraux.
La deuxième dimension est géographique. On a tendance à échanger avec les pays les plus proches géographiquement. C’est le Canada et le Mexique pour les USA.
La troisième dimension est sur les pays qui échangent de façon d’autant plus intense qu’ils sont semblables.
A la lecture de ces trois points, on note que l’équilibre à zéro, ni déficit ni surplus, dans les relations d’un pays avec le reste du monde n’a rien de naturel.
Le quatrième aspect est celui du déficit extérieur permanent des Etats-Unis.
Le solde extérieur d’un pays traduit l’écart entre son épargne intérieur et son investissement. Lorsque l’épargne est supérieure à l’investissement, cela se traduit par un surplus extérieur. Lorsque l’épargne est inférieure à l’investissement il y a un déficit extérieur.
La dérive du compte extérieur américain reflète simplement une épargne insuffisante ou dit autrement une consommation excessive au regard des plans d’investissement toujours importants.
Cela n’a rien à voir avec les échanges entre deux pays, entre les USA et le Canada par exemple.
Si le point de discussion est l’ampleur excessive du déficit, le seul moyen pour le combattre est de réduire la demande intérieure et de favoriser l’épargne privée ou publique (réduction du déficit budgétaire). Déprécier le dollar a, par le passé, permis de réduire le déficit pas de le supprimer.
Dans les propositions de la Maison Blanche il y a une confusion sur l’ensemble de ces éléments et sur la dimension des différents déséquilibres. L’ennui est que l’enjeu des choix effectués est la santé économique du monde.