La crise provoquée par les choix de politique économique de Donald Trump, par l’imprédictabilité des annonces, de leur annulation ou de leur retrait, est elle plus grave que celle de 2008?
À cette époque, le sol se dérobait en permanence, les marchés immobiliers s’effondraient et sur les marchés financiers, l’impression d’être en apnée en continu prédominait car la propagation des chocs n’était ni linéaire, ni instantané. Il fallait retrouver la bonne boussole et se donner les moyens de converger version la bonne trajectoire
Le choc n’est pas de même nature en 2025. Ce n’est pas un choc de valorisation. C’est un homme qui considère que son pays a été spolié par ses relations avec le reste du monde. Chaque pays est accusé d’avoir abusé des largesses américaines. La Chine a bénéficié des transferts technologiques et l’Europe s’est protégée via l’Otan.
Une telle crise est conditionnée par les demandes non connues par avance faites par les Américains pour lever les sanctions tarifaires, par des ruptures dans les chaînes de valeur, c’est la discussion sur l’impact des tarifs douaniers sur les semi-conducteurs, sur la façon dont les États vont coopérer dans le futur et finalement sur la cohérence du monde et du respect des cultures.
En 2008, face aux chocs, la réponse des autorités reposait sur l’idée de la coordination des efforts. Le G20 de Londres pointait les efforts collectifs à faire pour sortir du marasme et trouver les moyens pour qu’une telle crise ne se reproduise pas. La surveillance des institutions financières était au premier plan. Il fallait aussi relancer l’activité collectivement. Les banques centrales aussi sont très vite intervenues de façon complémentaire. La politique monétaire est devenue non orthodoxe. Le taux de la Fed a 0 % était restrictif. Il a fallu alors passer au quantitative easing pour débloquer la situation.
Aujourd’hui la coordination ne joue plus de rôle parce que la crise ne résulte pas d’une exagération de marchés, de mécanismes qui sont allés trop loin et d’ajustements impossible à maîtriser. La crise vient de l’idée que le monde se partage entre les bons et les méchants et que ce choix, fait par la plus grande puissance économique et politique du moment, n’est pas négociable. La seule issue serait d’accepter les conditions du suzerain. L’histoire montre que cela n’engendre qu’un monde instable.
Après une crise, le monde ne revient jamais comme avant. Mais les mécanismes d’ajustement peuvent limiter les écarts de fonctionnement. En 2008, tous les pays impliqués se faisaient forts de jouer ensemble avec des règles cohérentes.
Aujourd’hui le charme de la coordination et de la coopération apparaît désuet. Il faudra vivre autrement. Si la stratégie de Washington s’inscrit dans le temps, ce sera le virage le plus important depuis des decennies. Les biens publics mondiaux, comme le climat, n’auront plus de matérialité et il faudra se préparer au pire.