Après 100 jours à la Maison Blanche, les pourtours de la politique mise en œuvre par Donald Trump sont plus faciles à cerner. On perçoit mieux les lignes de force autour desquelles le projet présidentiel se structure. Cela ne retire rien à l’imprédictabilité de sa politique. De fait l’incertitude sur la politique économique reste très élevée, contraignant le comportement des consommateurs, des entreprises et des investisseurs.
Cependant, trois scénarios se dégagent.
Le premier est celui d’un apaisement des tensions.
Les négociations que Washington appelle de ses vœux s’organisent et donnent des résultats. Les Américains font des concessions mais les Chinois et les Européens également. Cela traduit la prise de conscience que le risque est excessif et qu’il serait bon de retourner dans un cadre mieux déterminé. Le dollar retrouve la confiance des investisseurs.
Les institutions à l’œuvre sont amendées pour tenir compte des revendications de tous les participants aux négociations.
Remarque : ce scénario séduisant ne règle rien. Si le cycle de globalisation s’est déréglé c’est en raison de la concurrence technologique entre les Etats-Unis et la Chine. On ne voit pas très bien ce qui permettrait d’infléchir le comportement de représailles des Chinois sachant qu’ils ont moins besoin des produits américains que les Américains des produits chinois.
Le deuxième scénario est celui d’une discussion non aboutie.
Les négociations n’avancent pas car un enjeu majeur pour les Américains est le découplage du reste du monde avec la Chine. L’Empire du milieu n’a aucun intérêt à faire allégeance. La situation, à des tarifs douaniers parfois ajustés, n’est ni coopérative ni coordonnée.
Le monde s’organise sous une forme multipolaire à 3 ou 4 grandes régions, chacune cherchant à gagner en autonomie. Une telle construction interroge sur les relations entre les zones, sur la forme du taux de change et sur le rôle du dollar qui n’a plus de raison d’être la monnaie de référence. Les banques centrales, dont la coordination a été essentielle dans la globalisation, n’ont plus le même rôle, in les mêmes objectifs. Il faut donc réécrire les règles, les relations et construire les institutions associées.
Remarque : C’est le scénario le plus probable dans lequel Américains et Chinois ne cèdent pas. Mais alors tout est à construire et la volatilité de l’activité et des alliances pourrait être forte.
Le troisième scénario est celui de l’exacerbation des tensions. Chinois et Américains se rendent coup pour coup et le reste du monde, sonné, ne fait que constater les impacts négatifs d’une telle configuration. C’est cette montée des tensions qui pourrait rappeler les années 1930 avec des risques conflictuels forts.
Remarque Le scénario du pire est celui où tout le monde est perdant. Les questions institutionnelles sont trop complexes à résoudre et seul le conflit sous toutes ses formes apparaît acceptable. Hélas.