L’augmentation des échanges est une source majeure d’amélioration de l’activité économique et des revenus. Ce point a été montré par les économistes classiques, puis élargi aux échanges internationaux. Si les théories ont été raffinées, le principe n’a pas été remis en cause. Les pays qui sont ouverts sont ceux qui bénéficient le mieux de l’expansion du commerce international. Les pays échangeant peu ont connu des rythmes médiocres d’amélioration de leurs conditions économiques.
On peut aussi constater que durant la longue période de croissance d’après-guerre pour les pays industrialisés étendue ensuite à la mondialisation, les échanges internationaux ont progressé plus vite que la croissance même si, sur la période récente, cela se constate principalement dans les pays émergents.
Dans un article récent de Foreign Policy, Bret Devereaux revient sur la longue période de l’empire romain en regardant principalement la dimension des échanges au sein du territoire méditerranéen.
Il constate une densification des échanges, la mise en place de comptoirs et en même temps une forte amélioration du bien-être des régions participant à cette dynamique. Une mesure de l’intensification des échanges est le nombre de bateaux de commerce qui ont fait naufrage. De 20 à 40 par demi-siècle entre 500 et 200 avant JC, ce nombre passe à 100 entre 150 avant JC et 100 après JC. En outre, les bateaux deviennent beaucoup plus grands et les trajets ne sont plus ceux du cabotage mais ils prennent des chemins de traverse sur la Méditerranée. Enfin, la monnaie romaine facilitait les échanges, créant les conditions d’une accélération de ceux-ci.
La dynamique des échanges permet aussi un meilleur aménagement du territoire et de la sécurité maritime.
Les échanges et la croissance ont aussi engendré des revenus plus importants pour l’Empire romain.
L’équation est vertueuse.
Et puis, les guerres civiles au sein de l’Empire ont provoqué une forme de morcèlement du territoire avec une volonté en plus de centralisation des décisions alors que jusqu’alors les règles étaient très décentralisées, notamment sur la fixation des prix.
Ce changement dans l’organisation de l’espace et dans les règles régissant les échanges ont provoqué progressivement un déclin du commerce contribuant ainsi à la fin de l’Empire romain. La belle construction s’est éteinte et cette civilisation, qui a éclairé le monde et qui nous étonne encore, a disparu.
Il ne faut pas faire un parallèle avec la situation actuelle et les changements de règles qui agitent l’ensemble des acteurs de l’économie globalisée sous l’impulsion américaine. Mais on doit faire attention à ce que les gesticulations du moment ne se traduisent pas par un morcèlement du monde. Le monde multipolaire, avec des monnaies différentes, qui en résulterait, multiplierait les situation d’hétérogénéité et de dysfonctionnement pour notre propre péril.