LâEmpire du Milieu concentrait toutes les attentions de Donald Trump Ă son arrivĂ©e Ă la Maison Blanche avec des menaces de sanctions brutales. Ce nâest plus le cas. En prolongeant le dĂ©lai pour trouver un accord commercial et surtout en autorisant la vente du semi-conducteur H20 puis aussi du Blackwell de Nvidia, stratĂ©gique pour les US dans lâIA, Ă la Chine, la Maison-Blanche change de registre, adoptant une approche nettement moins belliqueuse.
Dâautres signaux vont dans ce sens. AprĂšs une montĂ©e des droits de douane Ă 145%, la Maison Blanche a fait machine arriĂšre le 12 mai sous la pression des entreprises qui, dĂ©pendantes des produits importĂ©s de Chine, Ă©taient soumises Ă des coĂ»ts excessifs. Les droits sont dĂ©sormais Ă 30%. Un autre aspect intĂ©ressant est lâabsence de sanctions alors que la Chine est le plus gros acheteur de pĂ©trole russe. LâInde nâa pas bĂ©nĂ©ficiĂ© dâune telle mansuĂ©tude puisque ses droits de douane sont passĂ©s Ă 50%.
Revenons sur la relation entre les deux pays depuis le premier mandat de Trump. Les travaux de David Autor, du MIT, et de ses co-auteurs sont Ă©clairants sur lâinflexion constatĂ©e Ă Washington.
En 2016, D. Autor publie un article sur le choc chinois. Il indique alors que la consĂ©quence du dĂ©veloppement de la Chine est une baisse durable de lâemploi industriel aux USA et une situation de prĂ©caritĂ© dans de nombreuses rĂ©gions. Ce thĂšme a Ă©tĂ© majeur dans la campagne de 2016.
Par la suite, la concurrence chinoise sur les tĂ©lĂ©coms a incitĂ© Trump Ă bannir ZTE et Huawei du marchĂ© amĂ©ricain. Les sanctions vis-Ă -vis de la Chine ont Ă©tĂ© accentuĂ©es par lâadministration Biden pour limiter les transferts technologiques. Câest dans ce cadre que sâest effectuĂ©e la campagne pour les derniĂšres Ă©lections prĂ©sidentielles US avec lâidĂ©e de rapatrier la production vers les Ătats-Unis.
Depuis le 20 janvier, deux Ă©tapes majeures. Avant et aprĂšs le 12 mai. Dâennemi, la Chine semble passer au statut de partenaire obligĂ©. Les entreprises US ont fait pression, car le dĂ©veloppement des Ătats-Unis est conditionnĂ© par ce qui se passe en Chine, pas simplement par des produits, mais surtout par les innovations qui se font dĂ©sormais plus en Chine quâaux US.
Un autre article de David Autor dans le NY Times du 14 juillet Ă©claire le sujet. Il indique que sur 64 technologies critiques, les US Ă©taient leaders dans 60 dâentre elles en 2003-2007 et la Chine dans 3 seulement. Sur 2019-2023, la Chine est leader sur 57 dâentre elles et 7 seulement pour les US.
La nouvelle industrie nâest alors plus celle dâavant, mais celle conditionnĂ©e par lâavance chinoise. Le dilemme est ainsi inversĂ©.
Lâhistoire des relations entre la Chine et les Ătats-Unis ne sera pas un long fleuve tranquille, mais elle a changĂ© dâallure. Ce nâest pas forcĂ©ment rassurant pour le reste du monde et pour lâEurope en particulier qui pourraient y voir une forme de partage du monde.