En zone Euro, l’utilisation de la seule politique monétaire n’a pas été efficace alors qu’aux USA, le policy-mix a porté la croissance et l’inflation
Dans un post publié lundi dernier, je m’interrogeais sur l’articulation entre politique monétaire et politique budgétaire au sein de la zone Euro.
Au regard de la politique budgétaire systématiquement restrictive depuis 2011, on pouvait se demander si le caractère très accommodant donné à la politique monétaire de la zone Euro n’était pas finalement une réaction à cette stratégie budgétaire.
Sachant que les gouvernements, collectivement, ne seront pas favorables à un soutien de l’activité alors que cela pouvait être nécessaire, Draghi a alors opté pour une politique non orthodoxe qui se traduit par des taux d’intérêt négatifs sur le marché obligataire. La dernière salve de mesures monétaires (relance du QE et baisse du taux de dépôt) crée un malaise dans la sphère financière parce que des taux d’intérêt trop bas voire négatifs trop longtemps ne sont pas supportables. Le mécontentement des assureurs-vie, des gérants d’actifs, des banquiers et des épargnants doit pouvoir faire pression sur les gouvernements. Le propos récent de Christine Lagarde pour une politique budgétaire plus active va dans ce sens.
On peut regarder aussi ce qui s’est passé aux USA. Là-bas, le solde budgétaire primaire corrigé du cycle n’est JAMAIS redevenu positif depuis la crise contrairement à ce qui a été observé en zone Euro. Dans le même temps, et même si la Fed a été plus réactive que la BCE juste après la crise Lehman, la banque centrale américaine n’a jamais adopté une position aussi extrême que celle de la zone Euro. Le soutien de la politique économique à l’activité, outre-Atlantique, n’a jamais été le fruit de la seule politique monétaire contrairement à la zone Euro.
Cela se traduit par des perspectives d’activité et d’inflation plus fortes aux USA qu’en zone Euro et surtout des taux d’intérêt qui sont plus élevés aux USA qu’en zone Euro.
L’articulation entre politique budgétaire et monétaire a été plus efficace aux USA qu’en zone Euro et la croissance y est d’ailleurs plus élevée dans la durée.