En décembre 2020, le taux d’inflation était à -0.3%. Dix mois plus tard, il s’inscrit à son plus haut historique. Entre les deux dates, la sortie du confinement, la vaccination, des supports de politique économique et des primes Biden ont dopé la demande très rapidement face à une offre qui a tardé à s’ajuster. Ce dysfonctionnement va s’atténuer avec l’essoufflement de la demande parce qu’il n’y aura pas de hausse généralisée des salaires.
Le taux d’inflation a encore accéléré en octobre passant au dessus de 4% pour la première fois depuis juillet 2008(4.1%). L’inflation sous-jacente est elle au-dessus de la norme de 2% à 2.1%. C’est le chiffre le plus élevé depuis décembre 2002.
L’allure globale de l’inflation est cohérente avec les indices de prix constatés à travers l’enquête Markit. Dans le deuxième graphe figurent le taux d’inflation et l’indice des prix payés par les entreprises du secteur manufacturier et du secteur des services à travers la zone Euro.
L’analyse des contributions éclaire le profil de l’inflation de la zone Euro.
A nouveau, l’énergie à un rôle majeur dans l’accélération de l’inflation. Entre septembre et octobre la contribution de l’énergie s’accroit de 0.6 point. Cette contribution s’est inscrite à 2.25% soit plus de la moitié de l’inflation constatée en zone Euro.
Le prix des biens alimentaires progresse aussi en phase avec la hausse rapide du prix des matières premières alimentaires. Sa contribution a augmenté de 0.3 points depuis juin.
Pour le prix des biens hors énergie, la contribution est modérée mais elle est bien au-dessus des profils constatés sur la période de reprise depuis le mois d’avril. Le profil du prix des biens qui apparait anodin lorsque l’on compare les contributions des grands secteurs d’activité (graphe 3) est très particulier en 2021. Il reflète la répercussion partielle, par les chefs d’entreprise, de la hausse des coûts à laquelle ils sont confrontés ainsi qu’aux ruptures d’approvisionnements dans la chaine de production, ce qui accroît les coûts.
Dans les services, l’allure est aussi assez particulière. La forme en chapeau que l’on a constatée généralement sur la période commençant en avril (pris ici pour référence car il s’agit de la réduction des contraintes sanitaires ) ne s’observe pas franchement cette année. La hausse de la demande a permis aux entreprises de passer des hausses de prix pour restaurer les marges.
L’idée sur l’inflation est la suivante: la sortie des contraintes sanitaires dans de nombreux pays développés au même moment et l’argent hélicoptère déversé par l’administration Biden ont créé une formidable accélération de la demande qui se traduit par des désajustements à tous les étages de la dynamique de production. On le constate sur le prix l’énergie, l’embouteillage dans les ports ou les ruptures d’approvisionnement. La remise en ordre va prendre du temps mais le message vise l’attention à porter sur l’évolution des salaires. S’ils bougent peu, l’inflation sera temporaire et le message de la BCE reste audible.