Le ralentissement rapide à venir de l’inflation sera la rupture qui dopera le cycle économique en Europe.
J’insistais sur ce point la semaine dernière. Cette dynamique nouvelle tient au changement de régime du prix de l’énergie. Excessif en 2022 et comparable à un choc brutal, la hausse durable du prix du gaz et de l’électricité avait engendré un hausse persistante de l’inflation et sa propagation au reste de l’économie.
L’inflation en baisse dans la durée
Désormais, le prix du gaz est revenu au niveau d’avant Covid. L’incertitude sur les approvisionnements énergétiques s’est fortement réduite. Dès lors, les contrats d’énergie qui seront signés par les entreprises le seront à des prix beaucoup plus bas que l’an dernier. Pour les secteurs autres que l’énergie, y compris l’alimentaire, l’impact de ce repli du prix de l’énergie sera constatée dans des marges plus élevées. On peut s’attendre à une plus grande concurrence sur les prix. Comme l’inflation ralentit, la dynamique des salaires va aussi s’infléchir puisque les salaires s’ajustent aux évolutions passées.
Un choc positif sur l’activité
La conséquence majeure de cette rupture est une amélioration rapide des termes de l’échange pour les pays de la zone euro. Les importations coûtent déjà nettement moins chères. On le perçoit déjà dans la réduction spectaculaire de la facture énergétique. Le choc énergétique avait coûté 2 à 3 points de PIB en 2022, ce coût supplémentaire ne sera pas dépensé en 2023 et reviendra dans l’escarcelle des européens.
La demande interne, qui avait été pénalisée par la hausse des prix des importations, va suivre une allure plus robuste. La facture réglée aux USA ou au Qatar va franchement se réduire et le montant atterrira dans la poche des ménages et des entreprises.
La baisse du prix de l’énergie et ses conséquences sur l’inflation vont doper la demande et favoriser la reprise cyclique en zone euro. La production et l’emploi bénéficieront grandement de cette situation nouvelle. Bien sûr il y a des taux d’intérêt plus élevés à la BCE, bien sûr la Chine n’est plus le moteur de la croissance mondiale qu’il était. Il n’empêche que ce changement de régime va provoquer un momentum bénéfique à la zone euro.
Contrechoc énergétique
Cela ressemble étrangement au mécanisme constaté au milieu des années 1980 qui avait provoqué une période très favorable que le krach d’octobre 1987 n’avait pas ébranlé.
Une remarque s’impose néanmoins. L’épisode actuel est plus vertueux qu’alors. Le contrechoc énergétique reflétait un changement de stratégie de l’Arabie saoudite qui avait inondé le marché de son pétrole.
Cette fois ci, il y a deux explications à ce contrechoc.
- Le risque associé au choc énergétique a pu être diversifié. Le panel d’énergies disponibles est beaucoup plus large qu’à l’époque. Cela change les choix au quotidien.
- L’autre point majeur est que l’excès d’énergie reflète l’accélération des disponibilités en énergies renouvelables. Sur le marché de l’électricité c’est spectaculaire. Mais aussi de façon plus large, les investissements dans le solaire seront supérieurs à ceux dans le pétrole en 2023 selon les estimations de l’Agence Internationale de l’Energie. Le monde change.
L’Europe va en ressortir plus forte, elle doit profiter de cette dynamique particulière pour se caler sur une trajectoire vertueuse et plus autonome.