La transition énergétique et la politique industrielle
La politique industrielle est à nouveau au centre des débats de la politique économique. Cela reflète à la fois les conséquences de la pandémie et le manque de marge de manœuvre des banques centrales. La pandémie a mis en lumière l’incapacité à disposer de produits considérés comme essentiels. Elle a aussi engendré des pénuries lors de la reprise, bridant ainsi la capacité des économies industrielles à rattraper les pertes occasionnés par la crise sanitaire. Les banques centrales avaient, jusqu’à l’automne 2021 des taux d’intérêt très bas et des bilans très importants, limitant leurs capacités à intervenir. Menée par la Maison Blanche, ce regain de la politique industrielle traduit une défiance vis à vis de la Chine devenue un concurrent encombrant mais aussi un monde dont les dynamiques et les contours sont plus flous. Penser à soi est perçu aujourd’hui comme la bonne stratégie, que la coopération qui a permis le développent des émergents depuis 20 ans.
Inflation et taux d’intérêt dans la durée
Le monde change et avec lui les modes d’ajustement de l’économie globale. L’inflation qui a été très faible depuis une trentaine d’années va s’inscrire à un niveau plus élevé dans la durée. L’économie se transforme, elle n’est plus celle de la globalisation à tout prix, elle devient celle de la relocalisation et de la transition énergétique. Un taux d’inflation plus fort aidera à cette transformation. Le taux d’inflation plus important redonnera tout son rôle aux modes d’action traditionnels des banques centrales et un moindre attrait pour les achats d’actifs par les autorités monétaires. L’autre point est que l’investissement nécessaire à la transition énergétique se traduira par une demande de capitaux plus élevée. Ceci se traduira par des taux d’intérêt de long terme plus forts qui retrouveront des niveaux compatibles avec leur rôle d’allocation des ressources dans le temps.
Quelles projections à moyen terme ?
Trois scenarii. Dans le scénario de référence, le renouveau de la politique économique est en phase avec la transition énergétique. Dans ce cas la tendance sur l’activité reste robuste. Cependant, le bouleversement provoqué par la transition se traduit par un taux d’inflation tendanciel plus fort. On s’éloigne des 2% qui est la cible des banques centrales. En conséquence, le fort besoin d’investissement pour la transition et l’inflation plus élevée se traduiront par des taux d’intérêt de long terme plus élevés dans la durée.