L’économie allemande sera en récession cette année. Les chiffres du PIB vont dans ce sens et les indicateurs cycliques ne donnent pas de signaux y contrevenant. Pourtant l’Allemagne était sur une dynamique très robuste à la sortie de la grande crise financière de 2008. Elle caracolait alors que ses partenaires européens en sortaient groggy.
Depuis beaucoup de choses ont changé et l’Allemagne n’a plus le panache ni le brio d’alors. Cinq facteurs ont fait dérailler cette belle mécanique. Elle doit se reconstruire autour de l’Europe et de son marché intérieur. Cela prendra beaucoup de temps.
1- Une grande dépendance à la dynamique mondiale et à la Chine en particulier. L’entrain qui en résultait et la qualité des produits ont été des incitations à moins investir et à moins se renouveler. Les investissements en technologie de l’information ont été de moitié (en % du PIB) par rapport aux US et à la France. Ce biais à l’exportation s’est opéré au détriment du marché intérieur qui peine à prendre le relais.
2- La Chine n’est plus une source d’impulsion pour le commerce extérieur allemand. En outre, les constructeurs allemands d’automobiles subissent une concurrence féroce des constructeurs chinois alors qu’ils ont massivement investis dans l’Empire du milieu. La stratégie doit être revue.
3- L’énergie bon marché est de l’histoire ancienne, l’économie doit s’adapter à ce cadre nouveau et l’industrie être plus sobre que par le passé. Cette nouvelle donne modifie les conditions de la compétitivité du Mittelstand.
4- La coalition au pouvoir n’est plus aussi rayonnante. Le poids des verts se réduit rapidement dans l’opinion lorsque les contraintes écologiques touchent le quotidien (voir l’épisode sur l’interdiction des chauffe-eaux au gaz). Dans le même temps, l’AFD se renforce surfant sur l’ensemble des bouleversements qui affectent l’Allemagne. L’Allemagne se cherche politiquement.
5- La population vieillit et l’Allemagne a besoin de s’ouvrir. Elle a besoin de main d’œuvre mais aussi de personnes qualifiées qu’elle semble réticente à vouloir.