Nouveau changement de régime sur le marché de la dette, l’inflation et les taux d’intérêt de long terme font désormais jeu égal.
Il y a un peu plus de deux années, les investisseurs ont eu à faire face successivement à un taux d’inflation beaucoup plus élevé puis à une remontée spectaculaire des taux d’intérêt de long terme.
Le mouvement a été tel que le taux d’intérêt réel, mesuré comme l’écart entre le taux d’intérêt nominal et le taux d’inflation, n’a jamais été aussi négatif, même lorsque dans les années 1970s lorsque le taux d’inflation était le double de celui constaté depuis 2021. (selon la métrique que j’utilise, le taux d’inflation moyen du G4 a été de 10.1% entre janvier 1974 et décembre 1982 et de 5.7% de mai 2021 à octobre 2023)
En octobre 2023, ce taux d’intérêt réel est à 0%. Le taux d’intérêt moyen pour les pays du G4 est égal au taux d’inflation moyen de ces mêmes pays.
Trois remarques
1- Le taux d’intérêt réel va devenir durablement positif avec le ralentissement supplémentaire qui se dessine sur le taux d’inflation. Les banques centrales ne donneront pas immédiatement le signal de baisse des taux car l’incertitude demeure.
2- Une remontée de l’inflation, comme la deuxième jambe d’inflation des années 1970, n’est anticipable que si l’on connait une nouvelle crise énergétique. A l’époque, la crise de pouvoir en Iran avait précipité le deuxième choc pétrolier. Une telle crise est toujours possible au regard du conflit entre le Hamas et Israël, mais ce n’est pas notre scénario de référence.
3- Il y a donc une configuration nouvelle qui se dessine sur le marché de la dette.
Dans la durée, le taux d’intérêt réel va être positif. C’est un changement de régime radical.
Dans les années 1980, une telle situation, avec des taux réels très élevés, n’a pas été associée à une déprime sur la croissance, bien au contraire.
L’ère qui s’ouvre pourra traduire de nouvelles opportunités dans le monde de la transition énergétique.
Ces taux d’intérêt élevés dans la durée reflèteront aussi un taux d’inflation tendanciel un peu plus fort que par le passé et des banques centrales qui n’interviendront pas sous forme de quantitative easing pour la longue durée nécessaire à la transition énergétique. Ils traduiront aussi un monde plus divisé et plus incertain.
Un nouveau monde se lève.