Les choses ont été très vite depuis l’arrivée de Trump à la Maison Blanche il y a seulement 6 semaines.
Mais pour l’Europe, qu’est de qui change ?
Trois niveaux à considérer.
1- Celui de la politique économique. Les barrières tarifaires de la nouvelle administration américaine auront des effets négatifs sur l’activité dans le monde au risque aussi de générer un peu plus d’inflation.
2- Le choc politique quand les Européens ont perçus que les Etats-Unis n’étaient plus le garant de leur sécurité.
3- Le désengagement des américains sur la lutte contre le changement climatique est un choc pour les Européens qui avaient fondé leur stratégie sur ce choix structurant.
On doit aller plus loin dans l’analyse.
Sur le choc de politique économique, que l’on peut regretter, la dynamique de l’économie reste dans le périmètre du modèle que l’on connaît. Les paramètres associés aux tarifs douaniers poussent le modèle dans ses limites mais il n’y a pas de rupture. S’il rupture il y a, elle reflète la sortie d’un environnement coopératif et coordonné qui avait permis le développement de la globalisation. La réponse est de devenir moins dépendants sur les énergies fossiles et sur l’innovation. Cela demande des efforts provoquant des ajustements dans les priorités macro-économiques.
Le choc politique est plus complexe car il fait sortir l’Europe du cadre dans lequel elle s’était inscrite. L’effort désormais doit porter sur la sécurité sous toutes ses formes. Les Etats-Unis ne sont plus là pour nous protéger. Il faut radicalement relancer les dépenses militaires, en faire une priorité, et arbitrer avec d’autres dépenses. Il faut absolument repenser la hiérarchie des objectifs politiques de l’Europe.
Le modèle n’est plus le même ce qui pose la question de la composition des pays jouant avec les mêmes règles. On a vu le rapprochement entre la France et l’Angleterre mais aussi la défiance d’Orban et de Fico vis-à-vis des choix européens. Il faudra que Georgia Meloni se définisse de façon plus précise. La reconstruction de l’Europe passe par là.
Le troisième point est le climat. La commission européenne en avait fait son objectif premier. La sortie des Etats-Unis de l’accord de Paris et l’arbitrage en faveur de la production à tout prix contre des objectifs de soutenabilité ont déstabilisé les choix faits à Bruxelles. La question du climat n’est plus sur le haut de la pile des questions à traiter.
Sur ce point soit l’Europe réaffirme la légitimité de son combat soit elle s’aligne peu ou prou sur la position américaine. Les entreprises qui ne bénéficient pas forcément de conditions plus favorables en Europe en raison du prix plus élevé de l’énergie pourraient faire pencher la balance.
L’Europe doit se réinventer. Elle a eu par le passé le talent de s’inventer, à elle de montrer qu’elle est capable de se repenser pour accroître son autonomie et conserver sa place dans le concert des nations.